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connaitreetapprendre
2 avril 2016

HISTOIRE DE FRANCE PAR LES TIMBRES : LA VIE MONASTIQUE

tournus

Le Centre International d'Etudes Romanes en Bourgogne a pour vocation de faire connaitre et de faire aimer l'art roman. Pour atteindre son objectif il organise en France des réunions, des voyages d'études, des conférences, des colloques scientifiques, des expositions et publie un certain nombre d'éditions.
Il participe également à la sauvegarde de quelques prestigieux monuments comme l'abbaye Saint Philibert de Tournus et l'église Saint-Laurent de Tournus (71).
Grâce au CIER, vous découvrirez l'archéologie, l'architecture, la peinture et la sculpture à l'époque médiévale.
Ayez accès aux chefs d'oeuvre de l'Art Roman , grâce au Centre International d'Etudes Romanes, qui vous propose informations, publications, conférences, voyages, expositions ...

 Au second étage du petit clocher de l'abbatiale, deux statues-colonnes représentent les saints patrons de l'abbaye: Valérien, qui porte la palme du martyre et Philibert accompagné de sa crosse. Si la crypte ne recèle plus les reliques du premier, l'abbatiale abrite toujours celles de saint Philibert, depuis plus d'un millénaire.
Les origines du monastère consacré au saint martyr Valérien demeurent obscures. L'église primitive était probablement située à proximité de la voie romaine reliant Lyon à Chalon-sur-Saône.
La date de 875 inaugure le renouveau du monastère, avec l'arrivée des moines de Saint-Philibert. Ceux-ci, qui avaient quitté leur île de Noirmoutier depuis 836, fuyant les incursions normandes, venaient de trouver un refuge définitif à Toumus. L'empereur Charles le Chauve fit don à leur abbé Geilon, non seulement de l'ancienne cella de Saint Valérien, mais aussi du castrum de Tournus.
Jusqu'au XIlème siècle, l'abbaye n'eut de cesse d'accroître sa puissance : en même temps qu'elle conservait autorité sur les nombreux lieux où les reliques de saint Philibert avaient été abritées, lors de leur long périple à travers la France, elle se dota ainsi d'un riche ensemble de possessions.

 L'EGLISE ABBATIALE SAINT-PHILIBERT DE TOURNUS est un monument majeur de la Bourgogne romane. La présence des célèbres reliques justifia un programme de construction ambitieux, dès les premières années du Xlème siècle.
Nombre d'hypothèses furent soulevées depuis la fin du XIXème siècle, concernant la datation de l'édifice. L'on s'attache aujourd'hui à considérer l'église actuelle comme postérieure à l'incendie de 1007-1008 relaté par la chronique du moine Falcon à la fin du XIème siècle.
La crypte à déambulatoire et chapelles rayonnantes, le chevet supérieur ainsi que le transept, furent d'abord construits, probablement autour de 1019, date de la consécration de l'abbatiale. Sont conservées en élévation, la crypte dans son intégralité, ainsi que les parties basses du chevet : l'abside, le chœur et son déambulatoire voûté en berceau tournant. 
Autour des années 1030-1040, on édifia à l'ouest de l'ancienne nef, une importante avant-nef, dite "galilée" : le vaste rez-de-chaussée voûté est divisé en trois nefs de trois travées par des piles rondes ; il est surmonté d'un étage qui sera désigné plus tard comme " chapelle Saint-Michel ".
La nef, à l'origine plafonnée, fut entièrement voûtée avant 1100 : tandis que les bas-côtés sont couverts d'arêtes, le vaisseau central est voûté de berceaux transversaux, formule originale et audacieuse qui ne sera reprise qu'en l'église voisine de Mont-Saint-Vincent (71).

  LES BATIMENTS CONVENTUELS furent entrepris dès le milieu du Xlème siècle : autour du cloître, dont la galerie septentrionale vient s'accoler à l'église (seule des quatre galeries subsistant aujourd'hui), s'étend dans un premier temps l'aile occidentale avec le parloir (ancien locutorium) et le cellier.
L'aile orientale, en revanche, sera conservée dans son état primitif jusqu'à la fin du XIème siècle.
Elle abrite, depuis, la salle capitulaire, reconstruite après un incendie au milieu du XIIIème siècle.
Dans la première moitié du XIIème siècle, l'aile sud est réédifiée, abritant le réfectoire voûté, dont on peut toujours admirer l'élévation.
Seule l'ancienne cuisine des moines a disparu, en 1656, qui jouxtait le réfectoire depuis le milieu du XIIème siècle.

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mont

Commune de la Manche, sur un rocher granitique de près de 80 m de haut et de 900 m de tour, près de l'embouchure du Couesnon, dans la baie du Mont-Saint-Michel (entre les pointes du Roc et du Grouin).

  • Population : 44 hab. (recensement de 2010)
Primitivement, la baie actuelle était une plaine boisée : la forêt de Scissy. L'envahissement par les eaux s'est fait soit progressivement, soit à la suite de la grande marée de 709. La délimitation reste d'ailleurs flottante : avancées de la mer, ensablement de la baie, déplacement du lit des rivières – d'où les surprises des trop fameux « sables mouvants ». Aux marées, 30 000 ha se découvrent, et le flot recule à 17 km, revenant à la vitesse moyenne de 45,80 m par minute (62,50 m aux grandes marées, avec dénivellation de 15,58 m). Le Mont-Saint-Michel est à 2 km du rivage sud, auquel une digue le relie depuis 1879 ; il mesure 950 m de tour, et le rocher atteint 50 m de haut. En vue de rétablir son caractère maritime, ont été engagés en 2004 un ensemble de travaux qui doivent s'échelonner jusqu'en 2015 : construction d'un barrage sur le Couesnon, puis réalisation, en amont et en aval, d'une série d'aménagements hydrauliques complémentaires ; construction d'un nouveau parc de stationnement, point de départ d'un service de navettes de transport public ; construction de nouveaux ouvrages d'accès, dont un pont-passerelle de 900 m environ ; enfin, destruction de la digue-route actuelle. 

Ancien lieu privilégié du druidisme, consacré à l'Archange en 710 par Aubert, évêque d'Avranches, l'îlot du Mont-Tombe servit de refuge contre les invasions normandes (ixe s.), puis, bien plus tard, de place forte contre les Anglais (1424-1425 et 1434). Les chefs délégués à l'attaque et à la défense (W. de la Pole et Dunois) comme le nombre des assaillants (jusqu'à 20 000 Anglais) montrent assez l'importance symbolique attachée à cet enjeu. Et l'on comprend qu'après la délivrance, jugée miraculeuse, du Mont dédié à l'Archange, ce soit le même saint Michel qui soit apparu à Jeanne d'Arc…

Mais le Mont ne doit pas perdre sa signification originelle, bien plus universaliste que nationaliste. La vision inaugurale d'Aubert nous renseigne en effet sans ambiguïté sur le but recherché : rappeler que le monde n'est pas moins protégé de Dieu en l'ère chrétienne que durant l'Ancien Testament (où le peuple élu était sous la protection de saint Michel, au dire du prophète Daniel), et l'Occident aussi bien que l'Orient – dédié à l'Archange au mont Gargano, dans l'Italie du Sud sous influence grecque. Toujours des « monts », par conséquent, pour nous porter à « regarder vers le ciel ». L'idée est que ce lieu sacré devienne comme une « arche » entre mer et ciel, où viennent seulement « ceux qu'un ardent amour du bien élève vers les cieux et porte à l'adoration du Christ ». Aussi le Mont-Saint-Michel fut-il dès l'abord une fondation offerte à des chanoines, puis, à partir de 966, à des moines. Ils en firent, non sans mal, et malgré les écroulements et les incendies, le prodigieux assemblage de merveilles que des touristes toujours plus nombreux viennent admirer : le Mont-Saint-Michel, site inscrit au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco en 1979, est aujourd'hui, avec plus d'un million d'entrées par an, le site culturel français le plus visité en dehors de ceux de l'Île-de-France.

Le noyau originel est un sanctuaire carolingien, restauré en 1960, au-dessus duquel a été bâtie une vaste église comportant une nef romane charpentée du xe s., un chœur flamboyant de la fin du xve s. et une façade de la fin du xviiie s. (élevée consécutivement à un raccourcissement de la nef). Au nord se dresse la Merveille, bâtiment de granite construit de 1203 à 1228, qui comprend trois niveaux de style gothique très pur, en bas celui du cellier et de l'infirmerie, puis celui de la salle « des Chevaliers » et de la salle « des Hôtes », enfin celui du cloître, remarquablement décoré, et du réfectoire. Au sud se trouvent des parties romanes de l'abbaye, le châtelet d'entrée, du xive s., et le logis abbatial, aujourd'hui utilisé par les moines. Le Mont a été muni au xve s. d'une enceinte fortifiée qui enclôt le village. Dans ce dernier subsistent une église paroissiale du xvie s., des maisons des xve et xvie s.

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abbaye

1098 Un groupe de moines arrive de l'Abbaye de Molesmes, sous la conduite de Saint Robert avec un désir de chercher Dieu dans une plus grande solitude et pauvreté. Ils s'installent dans une clairière à deux kilomètres au nord du site actuel de Cîteaux. Les débuts du "Nouveau Monastère" sont difficiles : grande pauvreté, peu de recrutement. Le premier emplacement est vite abandonné par suite du manque d'eau courante.

Albéric succède à Robert ; son abbatiat durera 9 ans. On lui doit l'institution des convers. En 1108, c'est un anglais, Etienne Harding qui devient abbé de Cîteaux. On lui doit la Charte de Charité qui établit un lien de charité et d'entraide entre les différents monastères.

1113 La première fondation de "La Ferté" donne le coup d'envoi au développement de l'abbaye. La même année, Bernard de Fontaine, près de Dijon, accompagné de ses parents et amis, vient redonner espoir et élan au "Nouveau Monastère". Les fondations vont alors se multiplier : celle de la Ferté sera aussitôt suivie de celles de "Pontigny" en 1114, de "Morimond" et "Clairvaux" dont Bernard sera le premier abbé, en 1115. Par ses écrits et son influence, Bernard est à l'origine d'une véritable école de spiritualité.

1198 Il y a 5 ans qu'est terminée la construction de la grande église, commencée vers 1140. C'est là que seront inhumés les ducs de Bourgogne. Car Cîteaux devint très vite un haut-lieu. Un lieu de paix aussi ou s'opérèrent des médiations, des réconciliations.

1298 Au début du XIIIème siècle, bénéficiant de l'action et de l'éclat de saint Bernard, l'Abbaye de Cîteaux est à la tête d'un Ordre qui compte près de 500 maisons. De grands personnages se font moines à Cîteaux, tel Alain de Lille, un savant du temps, qui prend l'habit de convers. Cîteaux est à cette époque l'un des centres de la chrétienté. Durant ce siècle a commencé la construction du grand monastère. Cîteaux compte plusieurs centaines de moines et convers. L'abbé de Cîteaux acquiert une importance toujours croissante. Deux ans plus tard, il achètera le prieuré de Gilly qui deviendra plus tard résidence de plaisance des abbés de Cîteaux.

En 1244, visite à Cîteaux du roi de France, Louis IX accompagné de sa mère, Blanche de Castille, de son épouse, la Reine, et de ses frères.

1398 C'est l'époque de la guerre de Cent Ans. Le monastère est pillé en 1360. Les moines se réfugient à Dijon. Il en sera de même en 1365, puis en 1434 et 1438.

1498 On construit la bibliothèque qui sera achevée en 1509. Vers 1450 à la suite d'un legs, Cîteaux était devenu possesseur du château de Fontaine ou était né saint Bernard.

En 1491, l'abbé de Cîteaux avait été reconnu chef d'Ordre par un grand nombre de monastères.

1598 En 1551, avait été construit le Château du Clos Vougeot. Mais les guerres de religion ruinent la France. L'abbaye vient de subir trois pillages successifs, en 1589 puis en 1595. Ceci, joint aux pressions de la fiscalité, atteint fortement l'économie de l'abbaye. Pour relever les ruines, les moines doivent vendre quelques-unes de leurs propriétés. Pourtant, au début du seizième siècle, Cîteaux compte encore 200 personnes.

1698 A cette date, il n' y a plus que 72 moines profès à Cîteaux. Le Définitoire, siège de l'exécutif du Chapitre Général sera achevé l'année suivante.

Au dix-septième siècle, à la suite du Concile de Trente, un esprit de réforme souffle sur l'Eglise. En 1606, se crée une "Estroite Observance" qui regroupe quelques monastères autour de personnalités éminentes, désireuses de retrouver l'esprit des origines de Cîteaux et de saint Bernard. Mais des conflits surgissent entre les "abstinents" et les 'mitigés". C'est ce que l'on a appelé "Guerre des Observances". Par ailleurs, le siège abbatial était devenu un enjeu politique : Richelieu était resté 7 ans abbé élu de Cîteaux, mais n'obtint jamais confirmation de Rome ! Il ne fit rien pour relever l'abbaye de ses ruines après un nouveau pillage en 1636.

Durant ce siècle, l'un des abbés de l'"Estroite Observance", le célèbre abbé de Rancé, se consacre à la réforme de son seul monastère : la Trappe. Quelques monastères, en France, suivent son exemple, mais l'abbaye de Cîteaux préfère demeurer à distance de ces courants réformateurs, et conserver l'unité de l'Ordre, au prix d'une réforme assez modérée.

1798 50 ans plus tôt avait été élu le dernier abbé de Cîteaux de l'Ancien Régime : dom François Trouvé qui mourut à Vosne, en 1795. C'est celui-ci qui fit construire, sous la direction de l'architecte Lenoir, un grand bâtiment, le seul construit d'un projet très ambitieux. Celui-ci qui subsiste encore actuellement, fut terminé en 1772.

Le "Siècle des Lumières" développe dans certaines couches de la société, une hostilité ouverte au monachisme : on reproche aux moines leur inutilité.

La Révolution précipite ce mouvement de discrédit. Confisquée, l'abbaye est vendue en 1791 à des spéculateurs qui la pilleront, la démantèleront pour en vendre les pierres. Ce qui en reste devient successivement un château, une sucrerie, un phalanstère et une colonie pénitentiaire pour enfants, oeuvre du Père Rey, qui continuera à exploiter jusqu'aux pierres de fondation des anciens bâtiments pour construire l'église.

Durant les tristes événements de la Révolution, 24 moines issus de la Trappe, réfugiés à la Valsainte, en Suisse, sont contraints d'entreprendre une aventure prodigieuse qui les conduit jusqu'en Russie. Cette odyssée assure la continuité de la vie cistercienne réformée, car dès la chute de Napoléon, le retour s'organise et de nouvelles abbayes sont fondées.

1898 L'abbaye est rachetée et des moines originaires de différents monastères viennent la repeupler. Les débuts sont très durs.

Des anciens bâtiments, seuls ont échappé à la destruction complète: une partie de la bibliothèque du XVème, le Définitoire du XVIIème et le grand bâtiment du XVIIIème, édifié par l'architecte Lenoir, ou logent actuellement les moines.

1998 Année du neuvième Centenaire de la fondation, voit la restructuration de l'église construite précédemment par la colonie pénitencière.

Le 21 mars, cette église rénovée réunit pour la célébration du jour anniversaire de la fondation de Cîteaux, plus de 700 moines et moniales de la Famille Cistercienne.

Timbre émis pour le 900ème anniversaire de la fondation de l'abbaye de Citeaux.
Le timbre représente l'aire de la bibliothèque de l'abbaye et deux enluminures, un scribe et un lecteur.

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saint betrand

La cathédrale Notre-Dame de Saint-Bertrand-de-Comminges, également appelée cathédrale Sainte-Marie, est une cathédrale catholique romaine, située au pied des Pyrénées dans la commune de Saint-Bertrand-de-Comminges, dans le département de la Haute-Garonne en région Midi-Pyrénées (France).

La cathédrale fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840. Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France depuis 1998.

À 515 mètres d'altitude, Saint-Bertrand-de-Comminges est en position de voir le pic de Cagire, le pic du Gar, le mont Sacon, et contemple le bassin de la Garonne. Plus généralement, la ville commande les accès vers l'Espagne, Toulouse et Tarbes, desservis par un réseau routier issu d'anciennes voies romaines.

La cathédrale est située sur l'acropole d'un oppidum celte qui a donné naissance à la cité romaine de Lugdunum Convenarum dont les ruines s'étendent dans la plaine. L'invasion des Vandales en 409 l'a dévastée. L'activité municipale a continué au Ve siècle. Après la victoire de Clovis sur les Wisigoths, la cité est passée sous le contrôle des Francs. La ville a disparu en 585 à la suite d'un conflit entre Gondovald, se disant fils naturel de Clotaire Ier et le roi Gontran. Des évêques de la cité sont encore cités épisodiquement, mais il faut attendre Bertrand de l'Isle, membre d'une famille noble et chanoine de Toulouse, nommé évêque de Comminges en 1083 pour voir la cité se redresser. Il rétablit la vie communautaire dans le chapitre, relève la cathédrale et construit son cloître. Il meurt en 1123. Reconnu comme saint par la foule des pèlerins sur le tombeau de saint Bertrand, il ne l'a été que sous le pontificat de Clément V. L'afflux de pèlerins va nécessiter l'agrandissement de la cathédrale dans la seconde moitié du XIIe siècle. Le clocher est construit au XIIe siècle à l'intérieur de la nef.

La construction de la cathédrale remonte aux environs de l'an 1100. Il subsiste de la cathédrale construite par Bernard de l'Isle la base des murs des quatre premières travées et la façade de la nef. Le cloître est refait aux XIIe et XIIIe siècles sous une forme plus riche. Il subsiste une galerie romane à l'ouest. Dans la première moitié du XIIIe siècle, les chanoines ont ajouté deux travées au cloître, les galeries sud et est, qui ont englobé la salle capitulaire. La galerie nord du cloître a été construite au XIVe siècle. C'est la seule qui soit voûtée.

Bertrand de Goth est évêque de Comminges entre 1295 et 1299, avant de devenir archevêque de Bordeaux, entre 1300 et 1305, d'être élu pape sous le nom de Clément V en 1305. La première pierre est posée en 1304. Le projet initial devait prévoir de conserver la nef romane et de reconstruire l'abside et le chœur avec cinq chapelles rayonnantes et quatre chapelles latérales. La clef de voûte de l'abside porte le blason de l'évêque Scot de Linières (1317-1325) à côté de celui de Clément V. La voûte de la quatrième travée de la nef est refaite rapidement car on y voit le blason du chanoine operarius Adhémar de Saint-Pastou, mort en 1327. La clef de voûte de la première travée porte le blason de l'évêque Hugues de Castillon (1336-1352) qui a terminé la construction de la cathédrale.

Le programme initial de Clément V a été modifié par l'évêque Hugues de Castillon qui fait construire sa chapelle funéraire, sur le côté nord de la quatrième travée de la nef. Bertrand de Cosnac (1352-1374) fait construire la chapelle Sainte-Marguerite, côté sud de la quatrième travée. Bertrand de Cosnac voulait placer les reliques de saint Bertrand dans cette chapelle pour permettre un accès plus aisé aux pèlerins. La construction de ces chapelles a déstabilisé la quatrième travée entraînant des désordres et obligeant à ajouter de puissants arcs-boutants aux contreforts.

Le mausolée de saint Bertrand a été commencé par le cardinal Pierre de Foix (1422-1450) et terminé par son neveu Jean de Foix-Béarn (1466-1501). Il a dû recouvrir le lieu ayant servi à la translation et à l'exaltation des reliques de saint Bertrand par le pape Clément V, le 16 janvier 1309. On ne sait pas où se trouvaient les reliques du saint avant 1309. Le mausolée a reçu le corps du saint en 1476. Les peintures s'inspirent de celles du livre des miracles de l'évêque Bertrand rédigé par Vital, notaire de l'abbaye de l'Escale-Dieu, rédigé en 1179 pour obtenir sa canonisation par le pape Alexandre III.

La sacristie placée sur le flanc sud-est de la cathédrale, la salle capitulaire sur la galerie nord du cloître et la mise en place de nouveaux vitraux ont été réalisées sous l'épiscopat de Jean de Mauléon (1523-1551). Jean de Mauléon a acheté sept tapisseries des Flandres et du mobilier liturgique, installé le chœur des chanoines, l'orgue et le retable du maître-autel.

Elle a subi des dommages à l'époque des guerres de religion. En 1586, la ville haute a été prise par le capitaine Sus avec sa troupe de huguenots. Ils ont massacré des ecclésiastiques, ont accaparé de l'argenterie, brûlé des archives de la ville et, dans la cathédrale, pris des ornements, des vases sacrés et des reliques. Les reliques de saint Bertrand ont été prises et cachées dans un puits par un soldat. Elles sont rachetées par des chanoines de Lectoure et sont rendues en 1591. Le Chapitre a versé 10 000 livres aux pillards. L'évêque Urbain de Saint-Gelais a chassé les protestants après sept semaines d'occupation. L'évêque reconnaît Henri IV comme roi de France, mais en 1593, le vicomte de Larboust s'est emparé de la ville avec une troupe de pillards et y commet les pires excès dans l'église, mais les reliques de saint Bertrand ont été cachées. La châsse de Clément V a été détruite en 1586. Une nouvelle châsse est prévue en 1627 par l'évêque Barthélemy de Donnadieu de Griet, mais n'a été réalisée qu'en 1748 et la translation des reliques a été faite par l'évêque Antoine de Lastic.

L'autel majeur, en marbre de Sarrancolin, a remplacé en 1737 celui de Jean de Mauléon.

Le 30 novembre 1793, des révolutionnaires viennent saisir l'argenterie se trouvant dans la cathédrale. Les reliques de saint Bertrand sont cachées et rendues après la Révolution.

La cathédrale fait partie des tout premiers monuments placés sur la liste des monuments historiques de 1840. Le cloître est à son tour classé en 1889.

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mont benois

Dans le département du Doubs, à quelques petits kilomètres de la frontière Suisse, onze communes forment la République libre du Saugeais, dont la capitale est le village de Montbenoît. Si cet État autoproclamé est avant-tout folklorique, son impact sur la vie culturelle et le tourisme locaux semble indéniable !

Le territoire du Saugeais a été colonisé et défriché par des moines suisses aidés de paysans et artisans savoyards, entre les XIIème et XVème siècles. Selon l’Office du tourisme, ces origines diverses, couplées au climat et au manque de voies de communication, ont forgé l‘identité culturelle des villages du Saugeais.

Quant à la république, elle est née en 1947, sur le ton d’une plaisanterie entre le préfet du Doubs et Georges Pourchet, patron de l’Auberge de l’Abbaye à Montbenoît :

Pour plaisanter sur le Saugeais, M. Pourchet demande au préfet s’il a son « laissez-passer » pour circuler dans la « République » du Saugeais. Le Préfet lui répond que s’il s’agit d’une République, il faut un Président et nomme M. Georges Pourchet Président de la République libre du Saugeais !

En 1972, c’est son épouse Gabrielle Pourchet qui est élue (à l’applaudimètre) présidente, titre qui revient à leur fille Georgette en 2006.

La première présidente s’est beaucoup investie pour donner corps à la République du Saugeais : douane (il existe un laissez-passer), ambassadeurs, citoyens d’honneur, et surtout drapeau, blason, hymne ainsi que des souvenirs numismatiques ou philatéliques font la renommée du petit territoire. Une renommée parfaitement bien utilisée par l’Office du tourisme du canton de Montbenoît.

•Onze communes dont Montbenoit (capitale politique) et Gilley (capitale économique)

•Une présidente, 1er ministre, secrétaire général, 2 douaniers, 12 ambassadeurs, et plus de 300 citoyens d'honneur.

•Un hymne en patois sauget écrit par le chanoine Joseph Bobillier en 1910. Cet hymne patriotique est rempli d'humour et d'ironie

•Un drapeau

•Un blason créé par le Colonel Henri de St Ferjeux en 1973. Il représente la crosse de l'abbé, le heaume des Sires de Joux, le sapin sur la montagne et la rivière

•Un timbre poste créé en 1987, gravé par Jean Delpech qui représente à la fois le passé et le présent du Saugeais

•Le "laissez-passer" délivré par Mme la Présidente, permettant de circuler librement sur tout le territoire sauget et d'y être accueilli avec courtoisie

•Le billet de banque créé en 1997, pour les 25 ans de mandat de la Présidente

•Souvenirs philitéliques en vente à l'Office de Tourisme de Montbenoit

•Animation : Arrêt douane de la république du Saugeais pour les groupes. Arrêt surprise du groupe par les douaniers du Saugeais. Remise du laissez-passer et explications sur la République

• à gauche en noir:
  • au premier plan: le sire de Joux, suzerain de l'abbaye, fait face à l'archevêque de Besançon et lui offre le titre de propriété des terres de Montbenoît,
  • au second plan on distingue six moines bâtisseurs avec leurs outils,
  • au troisième plan figurent six moissonneurs,
  • enfin tout au fond on distingue un héron symbole du Saugeais ( le héron pourpré et le héron gardeboeufs sont coutumiers de cette région du Jura) et une tour rappelant les armoiries de la seigneurie de Joux.
• à droite en rouge:
  • le cloître de l'abbaye de Montbenoît,
  • le blason de la République du Saugeais (crosse archiépiscopale, heaume des sires de Joux, sapin des monts du Jura et cours du Doubs).
  • en dessous mention "24 H" avec un skieur rappelant les 24 heures de Montbenoît ancienne compétition de ski de fond, remplacée maintenant par une discipline pluri sportive avec notamment le "Saugeathlon", variante locale du triathlon
  • à coté une caméra vidéo rappelle "Télé Saugeais", télévision locale hertzienne puis par câble créée en 1978 produite depuis l'Abbaye de Montbenoît. Ces initiateurs sont les inventeurs du concept de "Télé Brouette", une télé très très locale !
  • un timide soleil apparaît tout à droite histoire de rappeler qu'il brille même dans la région réputée pour être la plus froide de France !

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saint michel

Saint-Michel de Cuxa est un monument exceptionnel où l’on peut lire le passage de l’art préroman au roman, en l’espace d’une génération. De loin, on peut admirer le beau clocher roman du XIème siècle, à quatre étages. Sa décoration de bandes d’arcatures, appelées lombardes, est un des caractères du premier art roman, tout comme le rythme de ses percements et leur silhouette. Ces caractères se retrouvent dans des constructions d’Italie du Nord de la même époque, ce qui fait supposer une influence entre les deux régions.

Actuellement, la visite de Cuxa commence par la crypte. Aussi secrète qu’une grotte, l’église de la Vierge de la Crèche (Nostra Senyora del Pessebre) invite à la méditation autour de son pilier central de sept mètres de circonférence qui reçoit une voûte en berceau annulaire. La généralisation des voûtes dans l’architecture est aussi une des caractéristiques du premier art roman du 11ème siècle. Cette voûte a été construite sur des coffrages en bois dont l’empreinte est restée dans le mortier de chaux. C’est l’abbé Oliba qui a édifié entre 1010 et 1040 les deux clochers et un « pôle occidental », composé de deux églises superposées, en avant de la grande église du Xème siècle.

Autour de la crypte du Pessebre, s’étendent des espaces voûtés de la même époque, situés sous l’atrium qui séparait l’église supérieure, dédiée à la Trinité, détruite, et la grande église pré-romane Saint-Michel.

On pénètre dans l’église depuis le cloître. L’église Saint-Michel, pré-romane, est une grande basilique construite de 956 à 974 par les abbés Pons et Garin. Son ambition est d’imiter les grandes églises de Rome, avec sa longue nef et son transept très important. Le chevet comprend une grande abside carrée, et deux absidioles rondes ouvertes sur les bras du transept. Cette immense construction n’était pas voûtée à l’origine, mais couverte d’une charpente en bois.

Sa principale caractéristique est d’avoir ses arcs outrepassés, c’est-à-dire d’une courbe dépassant le demi-cercle. Cette forme est surtout visible au niveau du transept, car les arcades de la nef ont été élargies au XVIème siècle lors de la modernisation de l’église. Les arcs outrepassés sont un héritage de l’Antiquité tardive, dont les techniques de construction perdurent tant bien que mal à l’époque wisigothique. La civilisation arabo-musulmane s’est aussi inspirée de ces formes, ce qui fait que l’on a longtemps cru que Saint-Michel de Cuxa était une église mozarabe, influencée par l’art musulman. Mais lorsqu’elle fut construite, les arabes avaient quitté la région depuis deux siècles.

La grande église est construite avec d’énormes pierres de taille aux angles et aux piliers, souvent de remploi, et pour les murs des pierres brutes, irrégulières, non travaillées. Cette technique de construction contraste avec celle du premier art roman du XIème siècle, où les pierres, sans être taillées, sont travaillées, régulièrement assisées et de même module.

Les deux travées du chœur ont été voûtées d’ogives au XIVème siècle suite à un incendie. La couverture de la nef est moderne, reconstituée après 1950.

Au XIème siècle, la grande église a été modifiée, par le voûtement de ses bas-côtés, la construction des clochers sur les extrémités des bras du transept (celui du nord s’est effondré en 1838) et la création d’une sorte de déambulatoire autour du chevet carré du Xème siècle, avec trois nouvelles absidioles.

On redescend de l’église dans le cloître, reconstitué de 1949 à 1955 avec les arcades et chapiteaux qui se trouvaient à Prades ou chez des particuliers. Le cloître formait à l’origine un quadrilatère fermé, autour duquel se distribuaient tous les bâtiments destinés à la vie collective des moines : réfectoire, dortoir, salle capitulaire, etc. Tous ces bâtiments ont disparu après 1789. Le cloître est sans doute l’œuvre de l’abbé Grégoire, dans le second quart du XIIème siècle. Il marque la renaissance de la sculpture dans l’art roman de cette région, et inaugure l’emploi du marbre.

L’ornementation des chapiteaux surprend par l’absence de propos narratif et de la figure humaine. L’inspiration est essentiellement symbolique, avec un bestiaire fantastique, lions, singes, monstres et des motifs végétaux.

Le remontage du cloître a aussi intégré des chapiteaux provenant de l’ancienne tribune-jubé, construite dans l’église pour délimiter l’espace réservé aux moines, démontée au XVIème siècle mais dont les fragments avaient été réutilisés dans l’abbaye, avant d’être dispersés au XIXème siècle. On y voit (dans l’angle isolé, au nord-est) des thèmes plus narratifs, avec un Christ barbu, des anges et des séraphins. La porte actuelle de l’église est aussi un arc de la façade de l’ancienne tribune, où l’on peut voir le lion de Marc (à gauche) et le taureau de Luc (à droite) et tout le répertoire décoratif de l’art du XII ème siècle.

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mont michel

Le Mont-Saint-Michel est une commune française située dans le département de la Manche en région Basse-Normandie qui tire son nom d'un îlot rocheux consacré à saint Michel où s'élève aujourd'hui l'abbaye du Mont-Saint-Michel.

L'architecture du Mont-Saint-Michel et sa baie en font le site touristique le plus fréquenté de Normandie et le troisième de France (après l'Île-de-France) avec plus de 3 000 000 visiteurs chaque année (3 250 000 en 2006). Une statue de saint Michel placée au sommet de l'église abbatiale culmine à 170 mètres au-dessus du rivage. Élément majeur, l'abbaye et ses dépendances sont classées au titre des monuments historiques par la liste de 1862 (60 autres constructions étant protégées par la suite) ; la commune et la baie figurant depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

En 2011, la commune comptait 43 habitants, appelés les Montois.

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fontenay

Fondée en 1118 par saint Bernard, l'Abbaye de Fontenay est l'un des plus anciens monastères cisterciens d'Europe. L'architecture romane confère une homogénéité remarquable à l'ensemble des bâtiments du XIIe siècle, restés intacts après avoir traversé plus de huit siècles d'histoire. Le visiteur découvre successivement l'église, le cloître, le dortoir des moines, la salle du chapitre, le scriptorium et la grande forge. Après la visite du monastère, les amateurs de jardins peuvent déambuler librement dans le parc de deux hectares et admirer le nouveau jardin paysager aux nombreuses variétés de plantes et d'arbustes. De nos jours propriété privée, l'Abbaye de Fontenay a été l'un des premiers sites français à être inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO, en 1981. L'ancien monastère est situé au creux d'un vallon classé et entièrement préservé. Les sentiers pédestres invitent à de nombreuses promenades dans la forêt de hêtres et de frênes.

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aubazine

- L’église abbatiale cistercienne d’Aubazine est un édifice roman du XIIe siècle (la construction a débuté en 1156 et s’est achevée en 1190) ; c’était alors la plus grande église du Limousin avec un clocher roman unique (passage d’un plan carré à un plan octogonal par un système de gradins de pierres).
- Chœur et transept sont intacts, tandis que la nef n’a conservé que trois travées sur neuf à l’origine : au milieu du XVIIIe six travées ont été détruites par les quelques moines qui vivaient à l’abbaye et qui n’avaient plus les moyens de les sauver de la ruine...
- A voir dans l’église : le tombeau de St Étienne, l’armoire à objets liturgiques du XIIe (une des plus ancienne d’Europe), vierge de pitié du XVe en calcaire polychrome, "La chasse" en émail champlevé du XIIIe siècle...

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saint françois

 

Fondateur de l'ordre des Franciscains (Assise vers 1182-Assise 1226).

Chantre de l'amour divin, de la fraternité universelle et de l'absolue pauvreté, François d'Assise poussa à ses ultimes limites l'idéal de pureté et de joie évangéliques que l'ordre franciscain eut pour mission de propager dans le monde.

Francesco (« le Français ») doit peut-être son nom – rare à l'époque – au fait que son père, riche marchand drapier, fréquentait les foires de Champagne. Appartenant ainsi à la bourgeoisie aisée, il côtoie les jeunes nobles d'Assise et se montre fort prodigue, sous l'influence de la littérature courtoise, en français et provençal, dont il se souviendra toute sa vie. Tenté par le métier des armes, il envisage de rejoindre un contingent pontifical, mais une maladie l'en empêche (1205). Saisi par le doute, il se voit alors menant une vie d'ascèse, de prière et de charité. 
Disant, selon ses propres mots, « adieu au monde », François renonce à toute richesse et, symboliquement, va jusqu'à se dépouiller de ses vêtements. Après avoir eu, en 1208, la révélation de sa vocation de prédicateur, c'est nu qu'il prêchera afin de faire comprendre aux habitants d'Assise l'opprobre qu'avait dû subir Jésus-Christ. La réputation de celui qui est devenu le Poverello (le « Petit Pauvre ») se répand rapidement. Des disciples le rejoignent en nombre. Prêtres ou laïcs, ils constituent la « Fraternité des pénitents d'Assise ». Occupant d'abord des cabanes de pierre sèche situées à l'écart de la ville, ils s'installent ensuite à l'église de la Portioncule. De là, ils se répandent dans toute l'Ombrie pour prêcher l'Évangile.

Pauvreté et humilité sont les vertus cardinales de ces premiers « franciscains » qui se qualifient eux-mêmes de « frères mineurs » – c'est-à-dire « tout petits » –, afin de se mettre au niveau des plus démunis. Ce choix s'exprime dans leur habit, fait d'une tunique de bure non teinte avec une simple corde en guise de ceinture (d'où leur nom, en France, de « cordeliers »). Les mineurs ne vivent que d'aumônes : avec les frères prêcheurs, fondés à la même époque par saint Dominique, ils représentent un nouveau modèle de vie religieuse, celui des frères mendiants.

Dès les années 1209-1210, François d'Assise est allé chercher à Rome l'approbation orale du pape Innocent III à une règle qui n'est alors qu'une compilation de textes sacrés. En 1215, il va se trouver entraîné à fonder un véritable ordre, qui est doté d'une première règle officielle en 1221, puis, en 1223, d'une seconde, approuvée par Honorius III. En 1212, il a été rejoint par une jeune noble d'Assise, Claire, fondatrice des futures sœurs clarisses. Incités par le chapitre général de 1217 à porter la bonne parole hors d'Italie, les franciscains vont fonder des couvents en Angleterre, en France, en Allemagne, en Hongrie, essentiellement en ville, et partent en mission jusqu'au Maroc, où ils sont suppliciés. François lui-même rejoint la 5e croisade en Égypte (1219), mais condamne les violences qui suivent la prise de Damiette. Son ordre comptera près de 3 000 frères vers 1230. 
En 1223, François, qui se trouve au couvent de Greccio, près d'Assise, au moment de Noël, a l'idée de la première crèche. Bientôt il se retire dans des ermitages où son existence se fait de plus en plus ascétique, et, en 1226, il reçoit les stigmates de la Passion, c'est-à-dire qu'il présente dans sa chair les plaies du Christ sur la croix. Il consacre beaucoup de temps à l'écriture. Son Cantique du frère Soleil, ou Cantique des créatures, une des pièces majeures de la poésie italienne, célèbre le Dieu créateur. Surtout, il dicte le Testament où il rappelle le sens de son expérience religieuse.
Après avoir été ramené à Assise, il y meurt le 3 octobre 1226. Deux ans plus tard, il est canonisé par Grégoire IX, puis inhumé dans la toute nouvelle basilique d'Assise, dont Giotto fera l'un des hauts lieux de l'art pictural. Attestant la personnalité d'un religieux proche de la nature, qui déclarait aux animaux le même amour qu'aux déshérités, Jean-Paul II, en 1979, fera de saint François d'Assise le patron des écologistes. 

Toutes écrites après la canonisation de François d'Assise, ses biographies le présentent sous des jours fort différents. La vie du fondateur constituait un enjeu dans les débats qui agitèrent rapidement l'ordre des Frères mineurs. C'est pourquoi le ministre général des franciscains, saint Bonaventure, imposa en 1266 une version officielle, la Legenda major. Celle-ci devait supplanter la Vie composée quelque temps auparavant par Thomas de Celano, qui avait notamment transmis l'image d'un saint parlant aux oiseaux.

Des trois frères Ange, Léon et Rufin, qui furent parmi les premiers compagnons de saint François, on a conservé certains fragments des souvenirs qu'ils consignèrent pour rétablir la vérité sur le message de celui qu'ils avaient aimé et suivi. Si les Fioretti constitués auxive s. font revivre la légende du saint, le Miroir de perfection, dû à des franciscains de stricte obédience (les « Spirituels »), offre la vision d'un prophète persécuté par l'Église officielle.

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cluny

Chef-lieu de canton de Saône-et-Loire, en bordure des monts du Mâconnais.

  • Population : 4 957 hab. (recensement de 2010)
  • Nom des habitants : Clunisois

Pôle touristique autour de l'abbaye à laquelle la ville doit son origine, Cluny est le siège de la communauté de communes du Clunisois qui regroupe 25 communes. À côté d'activités industrielles (emballages, menuiserie), la commune est tournée vers l'hippisme, avec un haras national et un hippodrome et vers l'enseignement supérieur, avec l'École Nationale Supérieure des Arts et Métiers. Elle conserve plusieurs maisons romanes ou gothiques. Musée Ochier dans un hôtel du xve s..

L'abbaye de Cluny occupe une place centrale dans l'histoire monastique, foyer spirituel, intellectuel et artistique d'une des plus florissantes branches de l'ordre bénédictin. Fondée en 910, elle célèbre en 2010 le 1100ème anniversaire de sa fondation. Les manifestations ont débuté en septembre 2009, dans le Jura, d'où est parti le moine Bernon, premier abbé de Cluny et par l'inauguration de l'exposition « Des moines aux ingénieurs, les écoles de Cluny » illustrant la place de l'enseignement tout au long de l'histoire de l'abbaye.

En 2010, le Centre des monuments nationaux a réuni et présente dans plusieurs salles de l'abbaye plus d'une centaine d'œuvres d'art médiévales, notamment des sculptures, des mosaïques, des pièces d'orfèvrerie et des manuscrits enluminés. Par ailleurs, une exposition « Des pierres et des hommes » a pour thème la sculpture civile du xie s. au xive s. dans le clunisois.

Parallèlement dans le cadre de sa série Europa, la Monnaie de Paris édite une série de pièces d'or et d'argent, en commémoration des 1 100 ans de l'abbaye.

L'Abbaye de Cluny est à la tête du réseau clunisien, grand itinéraire culturel du Conseil de l'Europe, qui regroupe plus de 140 sites, en France, au Royaume-Uni, en Belgique, en Allemagne, en Suisse, en Espagne, au Portugal et en Italie.

Entre 1798 et 1823, l'abbaye de Cluny, vendue comme bien national, fut en grande partie détruite. Il en subsiste les bâtiments conventuels du xviiie s., le farinier du xiiie s., qui abrite le musée lapidaire et les objets provenant des fouilles de Kenneth John Conant, des tours d'enceinte et le croisillon sud du grand transept de l'abbatiale, dite « Cluny III ». 
La première église, élevée à la fondation de l'abbaye, était très modeste.

Saint Maïeul, abbé de 948 à 994, fit élever une nouvelle église de grandes dimensions, Cluny II. Elle était probablement voûtée, avec un chevet très développé : un chœur flanqué de collatéraux et d'annexes de profondeur décroissante ; ce plan en échelon a été très vite imité de la Suisse à la Normandie (Romainmôtier, Chapaize, Bernay). Un narthex, sorte d'église antérieure, fut ajouté à l'ouest de la façade. Cette église persista jusqu'au xviie s.

Quand elle fut devenue trop petite pour le nombre croissant de moines, saint Hugues, lui adjoignit, à partir de 1088, Cluny III, qui constitue le plus vaste édifice religieux de l'Occident médiéval. La construction dura jusque vers 1132, le pape Innocent II ayant célébré la dédicace solennelle le 25 octobre 1130.

Dédiée à saint Pierre et à saint Paul, l'église mesurait 171 mètres de long, narthex compris. La voute de la nef s'élevait à 30 mètres de haut. Le chevet à déambulatoire et à cinq chapelles rayonnantes était précédé de deux transepts flanqués de chapelles et séparés l'un de l'autre par un chœur. À l'ouest du grand transept, le plus occidental, s'allongeait la nef de onze travées à bas-côtés doubles. Toute l'église était voûtée.

Quatre clochers couronnaient les croisées des transepts et les deux bras du grand transept. Il en reste un, octogonal, celui de « l'Eau bénite », au-dessus du croisillon sud.

L'élévation intérieure était à trois étages : grandes arcades, arcatures aveugles ou faux-triforium et fenêtres hautes. L'arc brisé régnait dans les voûtes en berceau et aux grandes arcades. Le décor (peinture, sculpture, mobilier) était d'une grande richesse.

Il subsiste une partie du décor sculpté, pilastres cannelés et chapiteaux à feuilles d'acanthe du transept, fragments du portail ouest, qui avait un tympan orné du Christ en majesté entre les symboles des évangélistes, et surtout chapiteaux figurés des colonnes du rond-point de l'abside, qui représentent les tons de la musique, les fleuves et la flore du paradis terrestre, les saisons et les vertus cardinales. La date de ces chapiteaux, antérieure ou postérieure à la consécration de l'autel majeur par Urbain II, en 1095, fait l'objet de discussions. 
Les ateliers de peinture ne nous sont plus connus que par des descriptions du décor de l'abbatiale, par quelques manuscrits et par les peintures murales de Berzé-la-Ville, qui fut, à quelques kilomètres de Cluny, la demeure campagnarde de saint Hugues. La chapelle haute de Berzé-la-Ville conserve un chœur et une abside ornés de peintures sur fond bleu, qui révèlent d'une part, une connaissance certaine d'ateliers italo-byzantins et d'autre part, une parenté dans le dessin, au moins pour le Christ en majesté de l'abside, avec des tympans romans de Bourgogne, tel celui d'Autun. La date de ces peintures est discutée, parfois fixée vers 1100, parfois repoussée jusque vers 1150.
 
L'art de Cluny III rayonna à travers la Bourgogne romane, à Paray-le-Monial et à Autun notamment. Son rôle dans l'évolution de l'architecture et de la sculpture monumentale romane fut considérable, même si on refuse les datations les plus précoces. Son usage de l'arc brisé, du décor à l'antique (pilastres, acanthes), le verticalisme et l'ampleur de son architecture eurent des répercussions sur l'art gothique, tandis que son plan à double transept se perpétuait dans les cathédrales anglaises. 
Par-delà près de cent ans de dévastations normandes et d'ingérences séculières dans le gouvernement des monastères, Cluny se relie à la réforme carolingienne de Benoît d'Aniane (v. 750-821), premier unificateur du monachisme d'Occident autour de la règle de saint Benoît (capitulaire monastique de 817, puis Concordia regularum).

La filiation est même directe, puisque les premiers moines de Cluny et leur abbé Bernon, originaires de Baume-les-Messieurs, venaient de Saint-Martin d'Autun, restauré, par Saint-Savin-sur-Gartempe, fondation de Benoît d'Aniane.

Mais sortent du même fonds les autres mouvements réformateurs, qui ne manquent pas en ce xe s. : en Bourgogne, Saint-Bénigne de Dijon ; en Lotharingie, Brogne près de Namur, Gorze près de Metz, Saint-Vanne de Verdun et Stavelot ; dans l'Ouest, Jumièges, Saint-Evroult et Fleury, sur la Loire. Comme, au surplus, tous ces monastères, même s'ils ne sont pas liés juridiquement, ne sont pas sans se connaître et s'apprécier, le jeu mutuel des influences est fort complexe. Si donc elle n'est pas isolée, d'où vient que la réforme clunisienne prédomine si massivement ? On a fait valoir certains atouts, réels sans doute, mais non décisifs : le lieu, la charte de fondation, une succession de grands abbés, l'organisation.

La paisible vallée de la Grosne est assez à l'écart de la grande voie de communication Saône-Rhône pour préserver la vie contemplative. Mais, en même temps, c'est une sorte de centre géographique entre la France des premiers Capétiens et l'Empire germanique (venant alors jusqu'au bord de la Saône), entre la Bourgogne et les pays rhodaniens et italiens ; sans compter que, par l'Auvergne et l'Aquitaine, on communique avec l'Espagne et les routes de pèlerinages à Saint-Jacques-de-Compostelle. Les relations et la propagation même du mouvement clunisien suivront ces grands axes. 
Datée de septembre 910 (ou, suivant d'autres calculs, de 909 ou de 911), cette charte, octroyée aux moines bénédictins par le propriétaire du lieu, Guillaume d'Aquitaine (Guillaume Ier le Pieux), comporte une clause essentielle : que le monastère serait « exempt », donc libre des ingérences épiscopales, seigneuriales ou royales, notamment dans l'élection de l'abbé. Ce n'est pas un petit privilège à l'époque où l'abus de la « commende », qui va se maintenir jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, fait des riches abbayes la proie des « clients » du pouvoir.

Placer Cluny sous la seule dépendance du pontife romain, c'est lui assurer une juste liberté, le pape étant assez lointain et haut placé pour garantir plutôt qu'entraver son autonomie. Cluny s'engage en revanche à soutenir le gouvernement papal, et l'abbaye ne faillira pas à ce devoir lors de la querelle des Investitures, comme plus tard, lors du schisme d'Anaclet, quand Cluny prendra parti pour Innocent II avant que saint Bernard ne s'y rallie.

Le premier abbé de Cluny, Bernon (910-927), cède la place à saint Odon (927-942), avec lequel commence le rayonnement clunisien, de Romainmôtier à Limoges, Fleury et Sens. L'abbatiat d'Aymard (942-965) consolide l'œuvre de ses prédécesseurs et l'étend largement (278 chartes de donations).

Puis viennent les trois grands abbés : saint Maïeul, d'abord adjoint (948-994), saint Odilon (994-1049) et saint Hugues (1049-1109). La palinodie de Pons de Melgueil (1109-1122) se démettant de sa charge pour la revendiquer ensuite compromet un prestige universel que retrouve, en des conditions rendues plus difficiles, intérieurement et extérieurement, son successeur, Pierre de Montboissier (1122-1156), qui mérite bien son surnom de « Vénérable ».

Étant donné le rôle capital donné par la règle de saint Benoît à l'abbé : « il tient dans le monastère la place du Christ » et son élection à vie, si caractéristique du monachisme, par opposition à tous les supériorats temporaires des instituts religieux plus récents, cette succession presque ininterrompue de longs abbatiats, durant plus de deux siècles constitue un atout majeur.

Mais plus encore a joué la grandeur morale et humaine de ces abbés, comme en témoigne le pape Grégoire VII en plein concile : « Nul autre monastère ne l'égale, car il n'y a pas eu à Cluny un seul de ses abbés qui n'ait été un saint ».

À la mort de saint Hugues (1109), l'ordre est à son apogée avec 1184 maisons, dont 883 en France, 99 en Allemagne et en Suisse, 54 en Lombardie, 31 en Espagne, 44 en Angleterre. La tendance est nettement centralisatrice. Toutefois, l'esprit d'autonomie, fondamental dans la règle de saint Benoît, ne saurait perdre ses droits. Aussi, à côté des « maisons dépendantes », dont le supérieur est nommé et contrôlé par l'abbé de Cluny, il y a place pour des maisons seulement « subordonnées », soit qu'il s'agisse d'abbayes anciennes ralliées à Cluny, soit des « cinq filles » principales de la maison mère : Souvigny, Sauxillanges, La Charité-sur-Loire, Saint-Martin-des-Champs (à Paris), et Lewes (Angleterre). En ce temps de féodalité, la dépendance est d'ailleurs moins institutionnelle que personnelle envers l'abbé de Cluny. Son rayonnement spirituel, plus encore que ses droits, assure son autorité. 
L'évolution intellectuelle (essor de la scolastique) ou économique, non moins que les causes plus internes, enlève à Cluny dès le milieu du xiie s. son rôle de premier plan. Malgré les sages dispositions de Pierre le Vénérable et les efforts des papes du xiiie s. pour la réforme de l'ordre, il « s'efface » désormais, devant les Cisterciens d'abord, puis devant les jeunes ordres : ordres mendiants du xiiie s., Jésuites au xvie s., voire mauristes au xviie s.

Ni Louis de Lorraine (1612-1621), ni Richelieu (1635-1642), ni Mazarin (1654-1661) ne pourront changer cet état de choses, qu'une division dans les observances vient encore compliquer. L'ordre disparaîtra durant la tourmente révolutionnaire. Curieusement, c'est une communauté protestante, Taizé, qui, après la guerre, fera de nouveau rayonner sur le monde entier l'esprit monastique depuis la vallée de la Grosne.

On a retenu surtout la magnificence des offices liturgiques, chantés par 200 à 300 moines, et leur longueur aussi (jusqu'à 138 psaumes par jour, alors que la règle répartit le recueil de 150 psaumes sur la semaine). Une si écrasante primauté devient au contraire exaltante si elle permet l'expression laudative d'une spiritualité où toute réalité – que ce soit la nature, l'histoire, le corps ou la condition humaine tout entière – apparaît comme signe de la présence et de l'action d'un Dieu aimant qui nous ramène à lui. L'en remercier indéfiniment devient un besoin et une satisfaction.

Cette pensée – rarement développée, car les moines de Cluny, qui témoignent de tant de culture dans la moindre lettre, ont laissé relativement peu d'écrits – n'en perce pas moins en toute occasion, que ce soit dans les sermons de saint Odilon, le testament de saint Hugues ou les statuts de Pierre le Vénérable.

Elle est également à la source du symbolisme de l'iconographie et de l'architecture même, dont la basilique de saint Hugues (Cluny III), malheureusement presque entièrement démolie sous la Restauration, devait constituer le plus impressionnant monument.

L'influence politique de Cluny, difficile à déterminer, n'en paraît pas moins indéniable : les moines, loin de jouer aux stratèges et aux diplomates, se montrent assez désintéressés pour que les premiers Capétiens s'appuient sur eux dans la consolidation de leur pouvoir, que l'empereur use de leur médiation dans la querelle des Investitures (Hugues est à Canossa, où il intercède pour Henri IV auprès de Grégoire VII, moine de Cluny).

Sans être spécialistes de rien, ni de philosophie, ni de littérature, ni de politique, ni même de technique contemplative, les moines se trouvent mêlés à tous les drames du temps : d'abord à ceux de la misère (une livre de viande est une fois distribuée à chacun des 7 000 pauvres, un premier dimanche de carême, sous saint Hugues), mais non moins réellement à celui de l'inculture religieuse ; en face de l'aristocratisme de la spiritualité cistercienne, réservée à une élite, c'était l'art, soi disant luxueux, de Cluny, qui comblait la foi du pauvre.

Toute cette « miséricorde », pour laquelle Cluny a été expressément créée, est manifeste dans les efforts de Saint Odilon pour généraliser la « trêve de Dieu », destinée à endiguer les guerres endémiques, dans l'institution du jour des morts, le 2 novembre, si bien accordée à la religion populaire, comme dans l'admirable accueil que Pierre le Vénérable réserve à Pierre Abélard, condamné en 1140.

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chaise dieu

L'abbaye de la Chaise-Dieu (en Auvergne ), est une abbaye bénédictine chef d'ordre située sur la commune de La Chaise-Dieu dans le département de la Haute-Loire.

L'abbaye bénédictine est réputée pour son architecture gothique, sa Danse macabre, sa curieuse Salle des échos, sa tapisserie de L'Apparition du Christ à Marie-Madeleine et son festival de musique fondé en 1966 par Georges Cziffra.

L'abbaye bénédictine, qui a donné son nom (dérivé par assonance analogique du latin médiéval Casadei) à une portion du plateau auvergnat, a été fondée en 1043 par Robert de Turlande et quelques disciples, Étienne de Chaliers et un certain Delmas.

Le développement de l'abbaye et du bourg, a été très rapide en raison de l'afflux de moines (300 du XIe au XIIIe siècle), d'artisans, de paysans, de commerçants et même d'hommes de loi. Saint Robert de Turlande, le fondateur, était le fils d'un riche chevalier auvergnat. Robert de Turlande, chanoine-comte de Brioude, après avoir fondé avec l'argent de son propre patrimoine, un hôpital dans cette ville, décide de lancer une entreprise plus importante sur le plateau de La Chaise-Dieu, en civilisant les indigènes qui y vivaient dans des conditions extrêmement précaires. Le succès de sa création, caractérisée par l'importance de l'aumônerie (plus de 4000 assistés par an) et de l'hôtellerie (voyageurs puis pèlerins de saint Robert) a permis la fondation de nombreuses dépendances. La mouvance de La Chaise-Dieu comprenait un siècle plus tard dix abbayes et trois cent quarante prieurés.

En 1067, à la mort du fondateur qui sera canonisé, l'abbaye compte trois cents moines; elle est sur le point de devenir, en Auvergne, l'égale de Cluny. Son second abbé est Durand de Bredon. Elle bénéficie de donations importantes de grandes familles: les Mercœur de La Voûte-Chilhac, les comtes d'Auvergne de Vodable ou les Polignac près du Puy.

Plusieurs papes passeront à La Chaise-Dieu : Urbain II, Calixte II, Innocent II en 1132 qui a dû quitter Rome à la suite d'un schisme. Au XIVe siècle, Pierre Rogier ancien moine de la Chaise-Dieu, devient pape en Avignon sous le nom de Clément VI. C'est lui qui finance la construction de la nouvelle abbatiale dans laquelle il se fera inhumer. Il fait appel aux trois plus grands architectes de l'époque : Hugues Morel, Pierre de Cébazat et Pierre Falciat. L'abbatiale est achevée en 1378, sous le pontificat du pape Grégoire XI, propre neveu de Clément VI.

L'abbaye sera ensuite soumise par Rançon de Montclar à la Règle de saint Benoît.

En 1516, comme beaucoup d'autres, le Concordat la fait tomber sous le système de la Commende. Les abbés commendataires les plus illustres s'y succéderont, sans souvent y venir: le cardinal Adrien Gouffier de Boissy, un Angoulême, deux Valois, les cardinaux de Richelieu et Mazarin, un Mancini, un La Rochefoucauld, deux Rohan-Soubise et un Rohan-Guéméné.

Les troupes calvinistes qui pillent et rançonnent toutes les abbayes d'Auvergne et du Rouergue, s'emparent de la Chaise-Dieu le 2 août 1562, pillent ses trésors avant de s'attaquer à celles de Vabres (1568) et d'Aurillac (1569).

Un incendie détruit en 1695, la plupart des bâtiments conventuels. Ils seront reconstruits aux XVIIe et XVIIIe siècles.

En 1640, le cardinal de Richelieu, fâché de son insoumission permanente, la rapprochera de la Congrégation de Saint-Maur.

Chaque 24 avril, le chapitre général de la Saint-Robert réunissait les moines de l'abbaye mère, les abbés et les prieurs des maisons filiales, pour administrer l'ensemble, gérer les conflits et verser la lourde redevance au pape. Seigneur féodal, l'abbé de La Chaise-Dieu, avec une escorte de « treize ou quatorze chevaux », comptait parmi les plus grands barons de l'Auvergne. L'abbaye de La Chaise-Dieu qui compte encore une quarantaine de moines à la Révolution, ne survivra pas à celle-ci.

En 1786, le cardinal de Rohan, mêlé à Affaire du collier de la reine Marie-Antoinette, y fut exilé.

Depuis 1975, la vie monacale a repris à La Chaise-Dieu : une petite communauté des Frères de Saint-Jean est en train de rétablir une vie monastique dans un apostolat de proximité.

Depuis 2001, le Réseau Européen des Sites Casadéens, une association loi 1901, renoue les liens entre ces anciennes dépendances de l'Abbaye de La Chaise-Dieu, fait la promotion du patrimoine casadéen, encourage les échanges (éducatifs, scientifiques, artistiques…) et la coopération entre ces sites afin de contribuer à leur développement culturel et touristique.

En 1097, Raymond de Saint-Gilles avant de se croiser, viendra en pèlerinage à l'abbaye de la Chaise Dieu, et fera don à Pons, Abbé de la dite abbaye, de ses prieurés et églises qu'il tenait dans la ville de Beaucaire. Ce don sera confirmé par l'archevêque d'Arles qui était suffragant et suzerain à Beaucaire.

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vaucelles

L’abbaye Notre-Dame de Vaucelles fut fondée en 1131 par saint Bernard. Elle est située à environ treize kilomètres au sud-ouest de Cambrai (département du Nord), dans la vallée de l’Escaut, sur la commune de Les Rues-des-Vignes.

Elle comptait notamment dans ses murs la plus grande église abbatiale cistercienne du monde. Une grande partie de l’abbaye est totalement détruite, mais le contour des anciens bâtiments est marqué au sol. Le site abrite aussi un jardin médiéval qu’on peut visiter.

L’abbaye de Vaucelles fut édifiée sur une terre cédée par Hugues d'Oisy, seigneur de Oisy et Crèvecoeur, châtelain de Cambrai. La première pierre en fut posée le 1er août 1132 par Bernard de Clairvaux. Elle constitue la treizième fondation de ce père de l’Église. Sa construction s’est étalée sur de nombreuses années, par l’ajout successif de bâtiments. À son apogée, elle possédait la plus grande église cistercienne d’Europe.

Des reliques furent confiées à la garde des pères abbés, notamment une épine de la couronne du Christ confiée par Saint-Louis en 1257.

Succédant à une première construction romane à chevet plat (plan dit claravallien ou bernardin) élevée de 1140 à 1149 et détruite en 1190, l’église abbatiale gothique accusait des dimensions hors du commun (longueur : 137 m, transept : 64 m). Elle possédait un chœur à déambulatoire, mis au jour lors des fouilles de 1988, et des chapelles rayonnantes.

Vaucelles surpassait toutes les grandes cathédrales gothiques d’Île-de-France, de Picardie et de Champagne : la plus vaste église de l’Ordre de Cîteaux était ici. L’abbé Godescale fut, du reste, destitué de son siège abbatial par le chapitre général et l’abbé de Clairvaux fut même puni pour avoir autorisé ce chantier peu conforme aux principes édictés par les fondateurs de l’ordre : simplicité et pauvreté.

Dès le début du XIIIe siècle, deux cloîtres existaient. Le petit, celui du noviciat, et l’infirmerie (1179) ou cloître de la conservation ; le grand cloître, celui des moines de chœur (1204). L’abbé Guillaume de Gand (1252-1261) commença et acheva la reconstruction de ce grand cloître sur un plan plus spacieux. Le 39e abbé, Jean d’Epinoy (1482-1492), le fit réparer grâce aux quêtes réalisées dans les environs par les religieux eux-mêmes. Les dévastations du XVIe siècle obligèrent l’abbé Gilles de Noblecourt à faire réconcilier l’église, le cloître et son préau en présence du visiteur de Clairvaux. Au XVIIe siècle, des réparations considérables concernèrent encore l’église et le cloître. Au XVIIIe siècle, sous l’abbatiat de Bruno Platel (1741-1753), l’abbé de Clairvaux en personne, Pierre Mayeur remarquait le manque d’entretien des bâtiments.

Les démolitions du début du XVIIIe siècle provoquèrent l’entassement d’une énorme quantité de gravats auxquels on doit sans doute le niveau du sol actuel (surélevé d’un mètre et demi). Le maître autel, en marbre de Carrare a été utilisé par les révolutionnaires pour le culte de la Raison ; il fut transporté par la suite dans le chœur de l’église Saint Géry de Cambrai. Certains ouvrages de la bibliothèque, qui comptait 40 000 volumes en 1257, sont conservés à Cambrai.

L’abbaye fut presque totalement détruite à la Révolution et au début du XXe siècle.

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redon

L’abbaye Saint-Sauveur de Redon, fondée en 832 par Conwoïon et reconnue le 18 juin 834 par Nominoë, est une ancienne abbaye bénédictine de Bretagne à Redon, dans le département d'Ille-et-Vilaine, dépendante de l'ancien diocèse de Vannes. La fondation eut lieu sous le règne de Louis le Pieux († 840) qui soutenait intensivement le développement du monachisme.

Cette abbaye fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 9 octobre 1990. Plus anciennement, l'église attenante fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862. Le clocher isolé fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1875.

L'histoire des origines de l'abbaye (depuis la fondation en 832 jusqu'à la mort de saint Conwoïon en 868) nous est connue par un texte composé assez peu de temps après cette dernière date (fin du IXe siècle) et intitulé Gesta sanctorum Rotonensium. Il est divisé en trois livres : le premier est consacré à la fondation de l'abbaye ; le second à la vie des moines du vivant de Conwoïon, aux miracles qu'ils opéraient, et à l'acquisition de reliques (notamment celle du pape saint Marcellin, que l'abbé obtint au cours d'une visite à Rome en 848) ; le troisième aux miracles produits par les reliques, faisant de l'abbaye, selon l'auteur, un lieu de pèlerinage de premier plan. Il existe un deuxième texte, plus bref et plus diffusé, intitulé la Vita Conuuoionis, qui est une réécriture du premier sous la forme plus classique d'une vie de saint (avec une inflexion dans la présentation de certains faits, notamment une certaine hostilité n'existant pas dans les Gesta pour l'élément breton), et qui date sans doute du milieu du XIe siècle.

Édition : Caroline Brett (éd. et trad.), The Monks of Redon - Gesta Sanctorum Rotonensium and Vita Conuuoionis (texte et traduction anglaise), Londres, Boydel & Brewer (Studies in Celtic History, X), 1989.

Selon Ferdinand Lot (Mélanges d'histoire bretonne (VIe ‑ XIe siècle), Paris, Honoré Champion, 1907, § 1 : « Les Gesta Sanctorum Rotonensium », p. 5-13), l'auteur des Gesta serait Ratvili, moine de Saint-Sauveur, puis évêque d'Aleth à partir de 866, qui présida aux funérailles de Conwoïon en janvier 868, et auquel le diacre Bili, plus tard son successeur comme évêque d'Aleth, dédia sa Vie de saint Malo ; Ratvili aurait écrit le texte au lendemain de la mort de Conwoïon, en tout cas avant 876 (il est à cheval sur la titulature, et qualifie à deux reprises Charles le Chauve de « roi des Francs » et non « empereur », ce qu'il est devenu le 25 décembre 875 par son couronnement à Rome par le pape). Mais la récente éditrice du texte, Caroline Brett, est beaucoup plus prudente : elle date seulement le texte d'entre 868 et 917/920 (époque de l'abandon momentanée de l'abbaye à cause des ravages causés par les Normands), et n'avance aucun nom d'auteur.

L'objectif de fondateur Conwoïon était créer une abbaye carolingienne sur la frontière de la Bretagne. C'est pourquoi l'acte de fondation (832) se termina : « ... Le prêtre Retuuoret. Fait le quatrième jour du mois de juin, dans le règne du seigneur Louis, la dix-neuvième année de son règne. »

La légende nous laisse quelques collaborateurs, d'après une autre source :

  • Guincalon, noble, ami et conseiller de Rorgon, originaire d’Acalm (Augan)
  • Louhemel
  • Condeloc, estimé de Gui II de Vannes, comte de Vannes, originaire de Carentoir
  • Conhoiarn, de Comblessac
  • Tethwiu, Riowen,
  • Wentenwion, Artwolau,
  • Riwelen,
  • Cundeleus,
  • Cunneus,

Peu de temps après, en septembre ou octobre 832, Conwoïon part pour le Limousin demander à l’empereur d’accorder la sauvegarde de l’emplacement de Redon au monastère mais il rencontre l’opposition du comte Ricuin de Nantes et surtout de Rainier ou Ragenaire, évêque de Vannes. Conwoïn rencontre à nouveau l’empereur à Tours en novembre de la même année.

En juin 834, Nominoë reconnaît l’abbaye de Redon par une charte qui est signée également par Rénier.

Le 27 novembre, Louis le Pieux reconnaît l’abbaye grâce à l’intervention de Ermor, évêque d'Aleth et de Félix, évêque de Quimper, qui ont fortement plaidé en la faveur de Conwoïon. Une première église, consacrée à saint Étienne, est construite vers 848 à l'est de l'église actuelle, surplombant la Vilaine.

Avant que le monastère ne devienne prospère, Conwoïon et ses collègues subirent une menace considérable. Dans les années 860, les vikings attaquaient les régions littorales tandis que les princes bretons n'étaient pas capables de défendre leurs terrains. C'est la raison pour laquelle les religieux se déplacèrent dans les zones forestières. Protégés par Salomon de Bretagne († 874), ils s'installèrent à Maxent où saint Conwoïon décéda le 5 janvier 868. Une nouvelle église est alors construite par l'abbé Ritcand ( 868-871), à peu près à l'emplacement de l'église actuelle.

L'abbaye connait son apogée à la fin du XIe siècle et au cours du XIIe siècle; elle régente 27 prieurés et 12 paroisses dans toute la Bretagne. On y vient en pèlerinage.

L'établissement devait suivre le mouvement de la réforme grégorienne, inaugurée par le pape Léon IX. Entre 1073 et 1084, l'abbaye Saint-Sauveur réussit à obtenir une bulle du pape Grégoire VII qui était personnage principal de cette réforme, grâce à laquelle le monastère conservait sa liberté de l'élection d'abbé, sous le droit de la sainte Église romaine. En revanche, l'exemption épiscopale n'était pas assurée. La nef est reconstruite à cette époque, mais des portions de murs de l'église du IXe siècle pourraient subsister dans le mur du collatéral nord. Au cours du XIIe siècle, l'abbé Hervé restaure l'abbatiale et fait construire la tour de croisée.

Puis, à la suite de la demande de l'abbaye, le pape Eugène III expédia, le 24 juin 1147, une bulle confirmant l'ensemble de vaste possession de celle-ci, prieurés, églises, biens, dans toute la Bretagne.

Dès le XIIIe siècle, le monastère connaissait de plus en plus des difficultés. De fait, dans les archives, il reste peu de documents au regard du XIIIe siècle, y compris la chronologie des abbés. Au cours de la deuxième moitié du XIIIe siècle, de nouveaux travaux ont lieu dans l'abbatiale : le chevet roman cède la place au chevet gothique actuel. Un clocher s'ajoute à la façade au début du XIVe siècle.

Il est évident que progressait l'autorité ducale à Redon, à partir du siècle suivant.

Le bourg de Redon demeurait, auparavant, ville abbatiale, bénéficiant des privilèges ainsi que de la liberté. En 1398, les officiels ducaux commencèrent à contester sa franchise fiscale. Comme les moines ne purent trouver aucun document dans les archives pour résister à cette contestation, il devint difficile à conserver la franchise. En 1406, le duc Jean V expédia un mandement portant au sujet du droit de ban et étanche du sel. Dès le XVe siècle, il s'agissait d'une des villes ducales, à laquelle le duc pouvait séjourner ainsi que les États s'assemblaient.

Tout comme sa fondation, l'abbaye bénéficia en 1461 de sa situation géographique. Le nouveau roi de France depuis deux mois et demi Louis XI octroya 600 écus d'or à son couvent, par lettre patente datée d'Amboise le 3 novembre. Bien entendu, ce souverain très chrétien envisageait cependant son interférence politique en Bretagne.

En 1622, Armand Jean du Plessis de Richelieu est nommé abbé commendataire du monastère. Il lance une grande campagne de travaux qui reconstruit entièrement les bâtiments conventuels, sous la direction de l'architecte et moine bénédictin mauriste Dom Denys Plouvier. L'abbaye de Redon perd ensuite son indépendance, en devenant le 26e monastère de la congrégation de Saint-Maur. À partir de cette année 1628, les Mauristes commencèrent à arriver en Bretagne. Mais, l'abbaye de Redon réunissait encore, dans les années 1670 et jusqu'à la fin de ce siècle, 36 monastères en Bretagne. En 1780, un incendie ravage les parties occidentales de la nef, ce qui conduit à la raccourcir et à en séparer le clocher.

L'origine du collège remonte en 1804. Lefranc, prêtre et ancien professeur du collège de Vannes fut nommé principal d'un petit collège municipal dans l'ancienne abbaye. Puis, en 1839, les Eudistes achètent les bâtiments conventuels et les transforment en lycée, affectation qu'ils ont gardé depuis.

Aux parties anciennes du XIe siècle, s'ajoutent des constructions du XIIe siècle (transept) et du (cloître). Des fresques médiévales ont été mises au jour lors de restauration en 1950 et les vitraux contemporains, sont du maître verrier Jean-Jacques Grüber. La tour de croisée, à deux étages, est une des plus belles constructions romanes qui soit en Bretagne.

Construite au XIe siècle, la nef a trois vaisseaux. Elle est actuellement longue de sept travées, mais la construction initiale était plus longue et s'étendait sur douze : les cinq travées occidentales sont détruites à cause d'un incendie en 1780. L'ancienne façade, connue par une gravure du XVIIe siècle, était un simple mur pignon au sommet triangulaire, que soutenaient des contreforts aux angles.

L'élévation du vaisseau central comportait initialement deux niveaux : de grandes arcades et des fenêtres hautes. Cependant, l'incendie de 1780 nécessite d'abaisser la voûte et de supprimer ces fenêtres, ce qui rend la nef fort sombre. Ne restent donc que les arcades en plein plein cintre, dont le rouleau simple retombe sur des tailloirs simplement biseautés. Ces tailloirs reposent eux-mêmes sur des chapiteaux très minces et unis, retaillés ainsi après l'incendie pour donner un style dorique à l'ensemble couvert de plâtre. Les chapiteaux couronnent des demi-colonnes adossées à des piles carrées, qui sont leur sont antérieures.

Le mur du collatéral nord de la nef, celui du transept nord et la base de celui du collatéral sud sont en partie construits en petit appareil cubique, avec des assises de pierre plates et des chaînes en épi. Certains spécialistes y voient une survivance de l'église carolingienne, ou en tous cas d'un état précédant la construction romane.

Les quatre piles du niveau inférieur de la croisée du transept remontent sans doute au XIe siècle. Elles supportent une voûte octogonale sur trompes. Chaque pile est surmontée d'un chapiteau à volutes qui sont les seuls chapiteaux romans subsistant dans l'église.

La tour de croisée a été construite lors de la campagne de travaux de l'abbé Hervé, au XIIe siècle. Elle comporte trois niveaux. Le premier niveau est aveugle, et les murs sont décorés par des jeux d'arcatures, dont certaines retombent sur des colonnettes à chapiteau. Le niveau médian, un peu en retrait, présente une série d'arcatures ouvertes ; les angles sont arrondis. Enfin, le niveau supérieur, encore en retrait par rapport au niveau médian, est ouvert d'une série d'arcades plus basses que celles du niveau médian. En plus des jeux d'arcatures ouvertes et aveugles, la tour est décorée par l'emploi irrégulier de pierres de différentes couleurs, en moyen appareil. Cette tour de croisée est unique en Bretagne et s'inspire des modèles aquitains.

Après un incendie en 1230, la reconstruction du chevet commence entre 1260 et 1270, et s'achève vers 1300, au moins pour le gros œuvre. Il comprend trois travées droites, puis une abside à cinq pans, le tout entouré d'un déambulatoire à cinq chapelles rayonnantes. De part et d'autre des premières travées du déambulatoire, deux bas-côtés de trois travées accueillent des chapelles rectangulaires. L'ensemble est voûté d'ogives quadripartites.

L'élévation a trois niveaux : de grandes arcades à double rouleaux retombent, par l'intermédiaire de chapiteaux à corbeille lisse, sur des piles composées de quatre demi-colonnes ; un grand triforium à claire-voie occupe le niveau médian ; enfin de larges fenêtres hautes éclairent largement l'édifice. Les fenêtres des deux premières travées droites sont composées de trois lancettes qui se recroisent au haut de la baie, sous influence anglaise ; celles de l'abside sont composées de lancettes surmontées de trilobes. L'effet d'ensemble est très sobre, ce qui correspond bien au mouvement de simplification de l'architecture gothique rayonnante dans le dernier tiers du XIIIe siècle.

Vers le milieu du XVe siècle, sous l'abbatiat d'Yves Le Sénéchal, le duc Jean IV fait ajouter au chevet une chapelle, adossée au bas-côté nord du chœur.

Le clocher appartenait initialement à un projet de façade monumentale conçu autour de 1310, qui devait se placer devant l'ancienne nef romane : la tour nord est le seul élément qui est réellement construit. Les travaux s'achèvent sans doute avant 1341.

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saint germain

Église et abbaye Saint-Germain des Prés, à Paris. - Sur le site de l'église actuelle, il y eut tout d'abord l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, célèbre monastère, qui occupait jadis une partie du faubourg Saint-Germain actuel, et fut fondée vers 543 par le roi Childebert Ier. Il eut pour premier abbé Saint Germain, évêque de Paris. L'église Saint-Germain-des-Prés, qui dépendait de l'abbaye, fut bâtie elle aussi, comme le cloître, à la même époque et porta d'abord le nom de Saint-Vincent et Sainte-Croix. C'est le plus ancien des monuments religieux de Paris. Elle fut construite sur l'emplacement d'un ancien temple consacré à Isis , pour y placer la tunique de Saint-Vincent et une croix qu'il avait rapportées de sa campagne au delà des Pyrénées contre les Wisigoths, et la dédicace fut faite par l'évêque Saint Germain en 558. Ce prélat fit bâtir, au midi de l'édifice, un oratoire sous l'invocation de Saint Symphorien, où plus tard lui-même fut inhumé.
Dans plusieurs actes des VIIe et VIIIe siècles, l'église est encore désignée sous le nom de Saint-Germain et Saint-Vincent. Elle était alors décorée de mosaïques d'or, et sa couverture était en métal. En 754, le corps de Saint Germain, exhumé de l'oratoire, fut déposé dans l'église, qui bientôt ne fut plus désignée que sous le seul nom de Saint-Germain. Ravagée par les Vikings en 845, 856 et 861, reconstruite par l'abbé Gozlin, puis encore livrée en proie aux pirates, elle ne se releva de ses ruines qu'aux XIe et XIIe siècles, et le pape Alexandre III, qui la consacra en 1103, déclara qu'elle ne relèverait que du saint-siège.
L'architecture de l'église Saint-Germain-des-Prés marque une époque fort intéressante dans l'histoire de l'art, celle où, à côté du plein cintre roman, commence à poindre l'ogive. L'édifice est en forme de croix; l'extrémité orientale est circulaire, et autour du rond-point rayonnent cinq chapelles également circulaires. Les transepts, qui sont fort courts, datent du XIIIe siècle. Les piliers de la nef sont carrés, et flanqués, sur chaque face, d'une colonne engagée; les arcades en plein cintre qui les unissent sont ornées d'un tore élégant sur l'arête. Sur les chapiteaux, d'un travail assez barbare, on a représenté des figures entières, des monstres et des plantes exotiques. Cette partie-là est évidemment la plus ancienne. Dans le choeur, les fenêtres de la claire-voie sont à ogives; les colonnes de la galerie du premier étage sont couronnées par un entablement horizontal; les colonnes du rond-point supportent des ogives, tandis que les autres arcades du choeur présentent des pleins cintres. L'édifice fut réparé en 1653 : ce fut alors qu'on pratiqua des ailes sur les deux côtés, et qu'une voûte remplaça le vieux lambris qui couvrait les murs. 
Au XIXe siècle, l'église Saint-Germain-des-Prés a subi une nouvelle et entière restauration-: Flandrin a peint à la cire divers sujets sur les murailles du choeur; les piliers et les voûtes ont reçu une peinture polychrome, qui rappelle la décoration de la Sainte-Chapelle ; la flèche a été reconstruite en entier; enfin on a repris en sous-oeuvre la tour, que les archéologues regardent comme un débris de l'édifice élevé du temps de Childebert.
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charlieu

L’ Abbaye Bénédictine a été fondée vers 870 par des bénédictins qui venaient sans doute de la Touraine, chassés par les invasions normandes. Elle a été fermée peu avant la Révolution, en 1788. Les moines ont construit sur le site actuel une première église ; cet édifice ne possédait qu’une seul nef, couverte d’une charpente. L’Abbaye ayant été rattachée à celle de Cluny vers 930-940 - sous l’abbatiat de Saint Odon, la première église fut alors remaniée : divisée en trois nefs voûtées de pierre, elle comportait un véritable tour de chœur avec déambulatoire. La communauté se développa et un bourg prit naissance autour de l’Abbaye. C’est pourquoi, tout en réduisant le monastère en prieuré (avant 1040), les grands abbés de Cluny saint Odilon et saint Hugues, après avoir détruit l’église devenue trop petite, construisirent au cours du XIe siècle un édifice plus vaste consacré en 1094, l’église prieurale Saint Fortuné, très semblable aux églises bénédictines de la région brionnaise (notamment Anzy-le-Duc). Elle a malheureusement été démolie au début du XIXe siècle.

Des fouilles exécutées à partir de 1926 et les travaux de l’archéologue américaine Elisabeth Sunderland, dans les années 1950, ont permis de dégager les fondations des trois édifices successifs, et de remettre en valeur les quelques éléments subsistants de l’église prieurale du XIe siècle (dernière travée et façade ouest). On peut mieux comprendre et admirer ces substructures depuis le premier étage du narthex.

Cet étage, ajouté au début du XIIe siècle, ouvre du côté est sur l’ancienne nef centrale par une baie en plein cintre dont les voussures sont ornées de feuillage et de rubans torsadés. Quelques chapiteaux sont intéressants : à gauche, une énorme tête de monstre et un aigle à tête humaine (ou une sirène à l’antique) ; à droite une figure diabolique et le très beau chapiteau du soleil et de la lune (jour et nuit - bien et mal). Au rez-de chaussée s’ouvre le portail occidental de l’église prieurale (fin XIe siècle). Pour la première fois dans la région, il représente le thème de l’Ascension du Christ. Au linteau les douze apôtres assis sous une arcature sont sculptés d’une façon très sobre et très statique. Au tympan, le christ en gloire et en majesté, est entouré de deux anges qui soutiennent la mandorle. Par ce portail, on entre dans l’unique travée subsistante dont seuls les collatéraux ont conservé leurs voûtes d’arêtes. Au revers de la façade occidentale, on retrouve la baie en plein cintre et ses voussures décorées de feuillages. Deux chapiteaux sont à remarquer sur la droite : un acrobate et une sirène à double queue. Ceux qui subsistent de l’église représentent, à droite, des coquilles Saint Jacques (Charlieu - carrefour des routes, lieux de passage - présence du Narthex) et deux personnages se tirant la barbe (un centaure et un cavalier) ; à gauche, Daniel dans la fosse aux lions et un chapiteau de feuilles d’acanthes.

L’entrée du Narthex se trouve anormalement sur le côté nord (sans doute n’y avait il pas la place suffisante pour une entrée à l’ouest ?).

Toute la façade a été restaurée en 1989-1990. Le calcaire local a été nettoyé par projection d’air abrasif et de poudre d’alumine et la pierre protégée par des silicones.

La décoration très abondante et très minutieuse date du second quart du XIIe siècle, en pleine querelle Cluny-Cîteaux, sous l’abbatiat de Pierre le Vénérable (rinceaux de feuillages, damiers, rubans plissés, grecques, etc)

Le grand portail (premier tiers du XIIe siècle), en plein cintre, s’ouvre sur un linteau orné " de figures assises des douze apôtres ayant au milieu d’eux la Vierge assistée de deux anges ". On remarque les traces de couleur (bleu, rouge, or) éléments d’enseignement par leur caractère symbolique. Trois têtes seulement sont en place, tous les personnages ayant été mutilés ou décapités à l’époque révolutionnaire. De chaque côté de ce linteau, d’autres figures continuent la frise : David, Jean Baptiste, l’évêque de Valence -fondateur - et le Roi Boson - bienfaiteur de l’Abbaye.

Au tympan, on trouve le Christ en gloire et en majesté, inscrit dans la mandorle, assis sur la Jérusalem céleste, entouré de deux anges, d’une sculpture très mouvementée. Ils sont accompagnés du tétramorphe (symboles des quatre évangélistes : à droite le bœuf de saint Luc et l’aigle de saint jean ; à gauche le lion de saint Marc et l’homme de saint Matthieu).

Un très bel ensemble de robes de soie, de la fin du XIX° à la période contemporaine, des étoffes somptueuses, des documents d’archives, des photographies d’ateliers ou d’usines textiles complètent cette exposition permanente.

L’archivolte porte en son sommet l’Agneau Pascal et, à ses retombées, deux personnages musiciens évoquant toute la musique accompagnant les visions célestes. Le thème de ce grand portail est celui de l’Apocalypse (les vingt-quatre vieillards de la vision sont peut être symbolisés par les fleurs sculptées tout au long de cette archivolte).

Sur le piédroit nord, une femme au crapaud symbolise l’impureté punie.

L’entrée du Narthex se trouve anormalement sur le côté nord (sans doute n’y avait il pas la place suffisante pour une entrée à l’ouest ?).

Toute la façade a été restaurée en 1989-1990. Le calcaire local a été nettoyé par projection d’air abrasif et de poudre d’alumine et la pierre protégée par des silicones.

La décoration très abondante et très minutieuse date du second quart du XIIe siècle, en pleine querelle Cluny-Cîteaux, sous l’abbatiat de Pierre le Vénérable (rinceaux de feuillages, damiers, rubans plissés, grecques, etc)

Le grand portail (premier tiers du XIIe siècle), en plein cintre, s’ouvre sur un linteau orné " de figures assises des douze apôtres ayant au milieu d’eux la Vierge assistée de deux anges ". On remarque les traces de couleur (bleu, rouge, or) éléments d’enseignement par leur caractère symbolique. Trois têtes seulement sont en place, tous les personnages ayant été mutilés ou décapités à l’époque révolutionnaire. De chaque côté de ce linteau, d’autres figures continuent la frise : David, Jean Baptiste, l’évêque de Valence -fondateur - et le Roi Boson - bienfaiteur de l’Abbaye.

Au tympan, on trouve le Christ en gloire et en majesté, inscrit dans la mandorle, assis sur la Jérusalem céleste, entouré de deux anges, d’une sculpture très mouvementée. Ils sont accompagnés du tétramorphe (symboles des quatre évangélistes : à droite le bœuf de saint Luc et l’aigle de saint jean ; à gauche le lion de saint Marc et l’homme de saint Matthieu).

Un très bel ensemble de robes de soie, de la fin du XIX° à la période contemporaine, des étoffes somptueuses, des documents d’archives, des photographies d’ateliers ou d’usines textiles complètent cette exposition permanente.

L’archivolte porte en son sommet l’Agneau Pascal et, à ses retombées, deux personnages musiciens évoquant toute la musique accompagnant les visions célestes. Le thème de ce grand portail est celui de l’Apocalypse (les vingt-quatre vieillards de la vision sont peut être symbolisés par les fleurs sculptées tout au long de cette archivolte).

Sur le piédroit nord, une femme au crapaud symbolise l’impureté punie.

A droite, s’ouvre une élégante baie en plein cintre, portant trois scènes qui semblent bien être en étroite relation. Au linteau figure un sacrifice d’animaux évoquant les sacrifices du Temple de Jérusalem (Ancien Testament). Au tympan, ce n’est pas la Cène mais le premier miracle qui l’annonçait : les noces de Cana, symbole du sacrifice du Christ (Nouveau testament). L’archivolte porte les six personnages de la Transfiguration, préfiguration de la Résurrection : de droite à gauche saint Pierre, le prophète Elie, Moïse, le Christ (IHS), saint Jean et saint Jacques. N’y aurait-il pas là l’essentiel de la foi chrétienne : le sacrifice et la gloire, la mort et la résurrection, Jésus mort et ressuscité pour tous ? En même temps que le porche s’ornait d’un somptueux décor, l’ensemble des bâtiments monastiques était réaménagé ou reconstruit et, à la fin du XIIe siècle, l’Abbaye fut fortifiée. Ne subsistent aujourd’hui de ces fortifications que la Tour Philippe Auguste en belle pierre dorée et la Tour dite " de la gendarmerie ". Au XVe et au XVIe siècle, les bâtiments sont une fois de plus reconstruits. Le cloître actuel date des années 1460-1470. Il a succédé à un (ou deux ?) cloître roman et a beaucoup souffert au cours du XIX e siècle . Transformé en habitation ou hangar, dépôt, cave, il a perdu sa galerie nord et une partie de l galerie ouest. Seuls deux arcs trilobés subsistent et la plupart des chapiteaux (feuillages, animaux, personnages) ont été mutilés.

Divers bâtiments monastiques détruits au cours du XIXe et du XXe siècle, se trouvaient autour du cloître derrière les murs correspondants. C’est ainsi que derrière le mur sud existaient, au rez-de-chaussée, le réfectoire (détruit en 1844 - peintures murales conservées au Musée Nationale du Moyen Age - Musée de Cluny à Paris) et à l’étage, la bibliothèque. Sur le côté est du cloître, formant actuellement claire-voie entre ce cloître et la salle capitulaire se dressent des arcades massives supportées par des colonnettes jumelées aux chapiteaux et aux bases, d’un roman primitif. Deux hypothèses pour cette colonnade : peut-être est-ce tout simplement la galerie subsistante d’un premier cloître ; mais à partir de recherches précises sur les fondations des églises, ce pourrait être aussi un réemploi des colonnes du déambulatoires créé dans le chœur de la seconde église (Xe siècle). La salle du Chapitre, servant aux réunions quotidiennes de la communauté, az été voûtée sur croisées d’ogives au début du XVIe siècle. Au centre un pilier reçoit les retombées de ces voûtes. Ce pilier porte une rareté : un pupitre taillée dans une de ses pierres. Cette salle, à l’acoustique merveilleuse, est utilisée en été comme salle de concerts.

La chapelle attenante est, sans doute, l’ancienne chapelle Saint Martin, existant avant l’arrivée des bénédictins auxquels elle fut donnée vers 875. En l’état actuel, elle date de la fin du XVe siècle, époque ou elle devint chapelle privé du Prieur. Le dallage en terre cuite reproduit celui d’origine dont on peut voir, dressée contre le mur, une portion-témoin conservée.

Toujours sur le côté est du cloître, se trouve l’entrée du parloir, dont les voûtes actuelles datent du début du XVIe siècle. Il est devenu musée lapidaire en 1971. S’y trouvent présentés de nombreux modillons et chapiteaux romans et gothiques du monastère, des linteaux provenant de maisons anciennes de la ville….

Quelques sculptures sont plus particulièrement intéressantes : il s’agit tout d’abord de la pierre la plus ancienne de l’Abbaye bénédictine : " Daniel dans la fosse aux lions ", bas-relief du Xe siècle, peut-être élément d’un chancel dans le choeur de la seconde église. Sur le mur sud est conservé le moulage d’un autre bas-relief, du début du XII e siècle, provenant de la chaire du lecteur dans le réfectoire des moines. Il représente une Annonciation où sont mis en scène, avec la Vierge et l’ange Gabriel, sans doute le songe de Joseph et le prophète Isaïe (ou Jean Baptiste). Les chapiteaux présentés au centre de la pièce proviennent de la prieurale du XIe siècle. Sur l’un d’eux, on peut reconnaître le baptême du Christ. Des chapiteaux gothiques sont présentés sur le mur est. En vitrine, deux sont particulièrement remarquables : celui de gauche représente deux personnes enlacés dans un joli mouvement ; celui de droite, un personnage recroquevillé qui semble se boucher le nez (à rapprocher du thème souvent utilisé pour les miséricordes de stalles). Du parloir on accède à une ancienne cave, restaurée et aménagée en Musée d’Art religieux en 1984. Sont rassemblées ici les statues données par des particuliers à la Société des Amis des Arts de Charlieu depuis sa fondation en 1908, ou déposés par des paroisses ou des particuliers. Ces statues, en pierre ou en bois, la plupart du temps autrefois polychromes, datent du XVe siècle au début du XIXe siècle.

L’Hôtel du Prieur, demeure seigneuriale plus que monastique, des prieurs commendataires, date de l’extrême fin du XVe siècle - tout début du XVIe. Il a été reconstruit sur des éléments plus anciens (tour du Xe siècle incluse dans la tour de droite ..). Les meneaux des fenêtres ont disparu ; les tours contiennent de beaux et larges escaliers à vis , permettant l’accès notamment aux grandes charpentes restaurées dans les années 1960-1970 (éléments et dessins dans l’angle sud-est du cloître).

Le rez-de-chaussée contient des cheminées monumentales et des pièces tendues de boiseries. On ne peut pas visiter l’Hôtel du Prieur qui, depuis le milieu du XIXe siècle et jusqu’en 1993, était le logement du clergé paroissial. Mais des projets ont été soumis au Conseil Général, propriétaire, pour un réutilisation qui s’intègre dans un aménagement global du site, aujourd’hui programmé.

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conques

L'abbatiale Sainte-Foy de Conques est une église abbatiale située dans la commune française de Conques, dans le département de l'Aveyron.

En raison de sa vocation à l'accueil des pèlerins et au culte des reliques de sainte Foy, elle est qualifiée d'église de pèlerinage et constitue même le prototype d'autres grandes églises de pèlerinages, l'abbatiale Saint-Martial de Limoges, l'église Saint-Sauveur de Figeac, la basilique Saint-Sernin de Toulouse et la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. Considérée comme un chef-d'œuvre de l'art roman du sud de la France, elle reste surtout célèbre pour son tympan et son trésor comprenant des pièces d'art uniques de l'époque carolingienne, dont la statue-reliquaire de Sainte-Foy.

Cette abbaye a été construite à partir de 1041 par l'abbé Odolric à l'emplacement de l'ancien ermitage de Dadon (819). Depuis 1994, l'intérieur est décoré avec des vitraux de Pierre Soulages, un enfant du pays.

L'abbatiale Sainte-Foy de Conques fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.

Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France depuis 1998.

L'ermite Dadon s'installe vers 795 à Conques et y fonde un ermitage qui évolue en monastère. La communauté monastique élève une église dédiée à Saint-Sauveur (Conques I). L'empereur Louis le Pieux, par le capitulaire de 817, impose la règle bénédictine à tous les monastères et place celui de Conques sous sa protection en 819, lui accordant d'importantes donations.

Pour être considérée comme une grande étape sur la route de pèlerinage du Puy-en-Velais à Saint-Jacques-de-Compostelle, les moines de Conques, soucieux du développement économique et spirituel de leur sanctuaire, ont besoin de reliques. La tradition issue du Liber miraculorum sancte Fidis de Bernard d'Angers, raconte qu'un moine de Conques, Aronisde (nommé aussi Ariviscus) passe dix ans à Agen pour endormir la méfiance de ses collègues et, un soir d'Épiphanie, vole les restes de Sainte-Foy, une martyre enfant, dans l’église Sainte-Foy d'Agen dont il avait la garde (pieux larcin connu sous l'appellation pudique de « translation furtive »). Après un voyage miraculeux, il ramène les reliques, le 14 janvier 866, dans son abbaye de Conques où elles sont accueillies solennellement. Vers 900, l'ensemble du corps de Foy est placé dans une châsse. La partie la plus noble, le crâne, est logé dans une majesté. Les miracles obtenus à l'invocation des reliques intensifient rapidement le pèlerinage à Conques, si bien que l'abbé Etienne Ier fait construire au milieu du Xe siècle une basilique plus grande à trois nefs (Conques II). Le culte de la sainte s'étend même dans toute l'Europe où des prieurés sont fondés en son nom.

L'afflux de pèlerins incite l'abbé Odolric (1039-1065) à construire l'abbatiale romane actuelle (Conques III). L'édifice bénédictin est commencé, entre 1041 et 1052. Son chevet est certainement achevé avant son décès en 1065. Ensuite, les travaux traînent quelque peu et la nef n'est terminée qu'au début du XIIIe siècle. Il est, en outre, possible que le monument ait été modifié en cours de chantier. Ainsi, le chevet débute-t-il par une série de quatre chapelles échelonnées pour n'adopter qu'ensuite le système à déambulatoire et chapelles rayonnantes.

Elle est construite suivant un plan en croix classique, mais à cause de la configuration du terrain (en pente) le transept est plus long que la nef. Les deux tours de façade datent du XIX° siècle.

Sainte-Foy a été une des principales sources d'inspiration pour les églises romanes d'Auvergne. Par son architecture, l'église abbatiale se rattache à une série de cinq édifices dont elle constitue le prototype, Saint-Martin de Tours, Saint-Martial de Limoges, Saint-Sernin de Toulouse et Saint-Jacques-de-Compostelle, tous situés sur la route du pèlerinage de Saint-Jacques et présentant des caractéristiques communes : plan à déambulatoire et chapelles rayonnantes, transept pourvu de bas-côtés pour faciliter la circulation des pèlerins. Ces traits communs s'étendent également à l'élévation et au système de contrebutement.

Après la période des grands abbés bâtisseurs de Sainte-Foy, le déclin s'amorce pour la communauté monastique au début du XIIIe siècle. La sainte passe de mode et l'abbaye, pénalisée par sa situation marginale, s'est mise à péricliter. Pendant les guerres de Religion, l'édifice est pillé, endommagé par un incendie. L'abbaye connaît un sursaut au XVIIe siècle avant qu'elle ne subisse de sérieux dommages pendant la Révolution française : les chanoines sont dispersés et l'édifice est laissé à une municipalité appauvrie, le cloître abandonné est exploité en carrière par les villageois. Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques, impose la réhabilitation du site en 1837. Les travaux sont dirigés par l'architecte Étienne-Joseph Boissonnade dans les années 1839-1846. L'abbatiale conquoise retrouve son statut de centre religieux et cultuel actif en 1873 lorsque l'évêque de Rodez Joseph Bourret y installe les Pères prémontrés de Saint-Michel de Frigolet.

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thoronetL'abbaye du Thoronet a été fondée en 1146 par les moines cisterciens de Tourtour dans un site sauvage de l'arrière pays du Var sur la commune du Thoronet. Les travaux d'édification de l'abbaye Notre-Dame-du-Thoronet s'achèvent pour l'essentiel en 1175, bien que quelques travaux ne soient terminés qu’en 1190.

L'abbaye du Thoronet est l’une des plus remarquables abbayes issues de l’ordre de Cîteaux. Pureté des proportions, simplicité des volumes, rigueur de l’appareillage des pierres et absolu dépouillement de l’architecture lui confèrent une beauté austère et sans artifice conforme à la spiritualité que prônait Saint Bernard de Clairvaux.

Toute l'harmonie de cet édifice, dépourvu de tout décor sculpté, repose sur le jeu des volumes architecturaux. Il est d'un style roman austère, très géométrique. Ses bâtiments s'organisent autour d'un cloître aux solides arcatures. A l'exception de la voûte « en palmier » de la salle capitulaire, la voûte en berceau est ici reine, de l'église au cellier en passant par le dortoir.

Au début du XIIIème siècle, le monastère abrite une vingtaine de moines et quelques dizaines de frères convers. Moins de deux siècles plus tard, le déclin de l'abbaye est déjà entamé. En 1790, sept moines âgés y résident encore. Fortement endommagée par des remaniements intervenus au XVIIIème siècle puis par les destructions révolutionnaires, l'abbaye a été progressivement rachetée par l'Etat à partir de 1854.

La disparition de l'abbaye menace lorsque, la découvrant, Prosper Mérimée la sauve en la signalant à Revoil, architecte des monuments historiques de l’époque qui va la restaurer dès 1873. Cette restauration est reprise ensuite par son successeur Formigé après 1907 et n'a pas cessé depuis.

Aujourd'hui relevée des ruines, elle a retrouvé son apparence d'origine grâce à d'importants travaux de restauration.

Cachée au cœur des forêts de Provence, l’abbaye du Thoronet offre une vision saisissante de la vie dans un monastère cistercien au Moyen Âge. Elle a conservé, à l’intérieur de son enceinte, des porteries monumentales, vestiges de l’hôtellerie, des cours et des jardins clos de murets. Au centre de cette « cité », l’église et le cloître constituent de véritables chefs d’œuvre de l’architecture romane.

Abbaye admirée pour la pureté et le dépouillement de ses lignes qui dégagent une impression d'unité et de grande sérénité, l’édifice aux «pierres sauvages» est reconnu par tous comme un trésor d’art et d’architecture. De l’avis des experts, c’est assurément l'une des plus belles abbayes cisterciennes de France. Le Corbusier dira d'elle suite à la visite l’abbaye en 1953 : "chaque élément de la bâtisse est ici une valeur créatrice d’architecture… L’ensemble comme le détail sont un. La pierre y est amie d’homme..."

Avec ses 120.000 visiteurs par an, L'abbaye est aujourd’hui le monument historique majeur du département du Var et l'un des plus importants de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Grâce à son acoustique exceptionnelle, chaque été s'y déroule le festival de musique médiévale "Les Rencontres de musique médiévale" qui contribue grandement à sa mise en valeur et à la promotion de l'abbaye.

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flaranFondée en 1151 dans la vallée de la Baïse (Grand Site de Midi-Pyrénées), l'Abbaye Cistercienne de Flaran est l'une des mieux préservées du Sud-Ouest de la France.
Située à proximité de la Bastide de Valence sur Baïse dans le nord du Gers, ce joyau de l’art cistercien en Gascogne présentent la parfaite illustration d'un ensemble cistercien du XIIe siècle, remanié jusqu'au XVIIIe siècle. Les bâtiments monastiques (église, cloître, salle capitulaire, réfectoire, dortoir, logis abbatial) et les jardins se dévoileront au cours de la visite.
Autour du cloître et de l'église (XII° - XIII° siècle) cet ensemble étonnamment préservé se déploie sur plus de 2000m2; il permet une approche singulière de la communauté cistercienne, installée ici, au coeur du Moyen-Age, en pleine apogée de l'ordre.
Marquée par les vicissitudes historiques (guerre franco-anglaise, guerre de cent, puis guerre de religion...), vendu à la Révolution en tant que bien National, le site est en danger d'être démantelé, avant le premier conflit mondial, puis est incendié dans les années 70. La mobilisation populaire et locale, alliée au classement au titre des monuments historiques (7 août 1914), sauveront l'abbaye qui est rachetée par le département du Gers en 1972. Celui-ci engage alors avec une longue campagne de restauration.
Géré en régie directe départementale 1999, le Centre Patrimonial Départemental devient, dès 2000, le siège de la Conservation Départementale du Patrimoine et des Musées, service du Département du Gers qui assure parallèlement la gestion scientifique "des Musées de France".
Pivot de l'action culturelle du Conseil Général, premier site culturel gersois visité du Gers en terme de fréquentation, l'Abbaye offre toute l'année de nombreuses activités. A travers une programmation riche et diversifiée, ces manifestations culturelles ou pédagogiques intéressent tous les domaines du patrimoine, de l'archéologie à l'art contemporain.

Durant votre parcours, vous découvrirez également une exceptionnelle collection de chefs-d'oeuvre de maîtres du XVIe au XXe siècle (Cézanne, Renoir, Matisse, Picasso, Monet, Braque, Tiepolo, Rubens, Courbet, Rodin...) pour un merveilleux voyage au coeur des courants artistiques européens.
Marquée par les vicissitudes historiques, l'Abbaye est rachetée par le Département du Gers en 1972. Fruit d'une intense campagne de restauration depuis lors, le centre départemental de l'Abbaye de Flaran développe de nombreuses activités culturelles (expositions temporaires, concerts de musiques classiques…) par le biais de la Conservation Départementale du Patrimoine.

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charitéLe prieuré, fondé en 1059 par le puissant ordre de Cluny, est le noyau autour duquel la ville va se développer. Etape majeure sur les chemins de Compostelle et point de passage obligé sur la Loire, le monastère s’est enrichi et a très vite joué un rôle essentiel au sein du réseau clunisien. La Charité-sur-Loire devient une des cinq « fille aînée de Cluny » et étend son influence sur 45 prieurés et 400 dépendances.

Au XIIè siècle, l’église Notre-Dame est la deuxième plus grande église de la chrétienté après Cluny, plus de 200 moines logent dans les bâtiments, s’étendant sur 3 hectares.
La Guerre de Cent ans, puis les Guerres de religion vont peu à peu affaiblir la cité, place stratégique sur la Loire entre la Bourgogne et le Berry. En 1559, un gigantesque incendie va précipiter la ruine du monastère, ravageant la totalité de la nef, une grande partie du prieuré et de la ville.
D’importants chantiers aux XVIIè et XVIIIè siècles contribuent à la renaissance de la ville et du prieuré, la nef est reconstruite sur 4 travées au lieu des 10 d’origine (d’importants vestiges sont visibles sur la façade de l’Office de Tourisme, à l’entrée de l’église).
Après la Révolution, le prieuré, vendu comme Bien National est intégré dans le tissu urbain. Certains bâtiments seront occupés par des particuliers et des commerçants.

Si la nef actuelle date de la fin du XVIIè siècle, le chœur et le transept ont gardé l’élégance architecturale des XIè et XIIè siècles. La renommée de l’église Notre-Dame est principalement due à la richesse de son décor sculpté, notamment de remarquables séries de chapiteaux et de pilastres, sans oublier deux tympans.
Le premier, le tympan de la Vierge est toujours en place au pied du clocher Sainte-Croix. En 1840, le second, celui de la Transfiguration, a été déplacé à l’intérieur de l’église, pour une meilleure conservation. Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques fera classer l’église Notre-Dame, la sauvant ainsi de la destruction puisque le tracé initial de la route royale de Paris à Nevers traversait la nef.
Depuis 1998, elle est classée par l’UNESCO « patrimoine mondial de l’humanité au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France » sur la voie de Vézelay.

Le prieuré clunisien de La Charité-sur-Loire est depuis 2001 l’un des plus grands chantiers de restauration de Bourgogne. En 2003, le jardin des bénédictins et l’église Saint-Laurent sont les premiers à être mis en valeur, suivront la salle capitulaire, les salles XVIIIè, les galeries du cloître, le cloître, le portail principal.

Lors de la guerre de Cent ans, Jeanne d’Arc tentera de prendre la ville, elle échouera face au redoutable Périnnet Gressard. Cette seule défaite lui sera reprochée lors de son jugement, « une envoyée de Dieu n’aurait connu aucune défaite ». Les ruines imposantes du château féodal de Périnnet Gressard se trouvent à Passy-les-Tours (commune toute proche de Varennes-les-Narcy).

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moissac

Selon la légende, l'abbatiale aurait été fondée par Clovis. Mais en réalité, son fondateur est vraisemblablement l'évêque de Cahors, Didier (entre 628 et 648). L'abbatiale a dû faire face à des raids arabes, normands, hongrois, avant d'être affiliée à l'ordre de Cluny en 1047. Sa reconstruction est entamée au XIe siècle par Durand de Bredon.

Le cloître est achevé en 1100 sous l'abbatiat d'Anquistil (comme en témoigne les inscriptions ci-contre, sur des piles du cloître). Le portail date également du XIIe siècle. C'est à cette époque qu'on peut observer l'apogée de l'abbaye (qui possède alors des dépendances jusqu'en Catalogne). La ville est ensuite saccagée en 1212 par Simon de Monfort (mais les sculptures sont sauvegardées). L'abbatiale perd progressivement son influence.

En 1466, l'abbaye est détachée de Cluny et perd son autonomie (abbés commendataires). Elle est sécularisée en 1626. En 1789, elle est transformée en fabrique de salpêtre et les figures des chapiteaux du cloître sont mutilées

En 1846, elle est classée monument historique. Ceci n'empêche pas les promoteurs de la ligne Bordeaux-Sète de vouloir raser le cloître quelques années plus tard pour permettre le passage du chemin de fer. Finalement, seul le réfectoire et la cuisine seront détruits

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jumieges

Ses tours blanches, qui s’élèvent à presque 50 mètres au fond d’une boucle de la Seine, créent toujours la surprise et l’admiration du visiteur. Sa destruction, au XIXe siècle, lui a valu le nom de «plus belle ruine de France» et l’image d’un site à ciel ouvert fortement marqué de romantisme.

L’abbaye de Jumièges est un des plus anciens et des plus importants monastères bénédictins de Normandie. S’il ne reste aucun vestige apparent de l’époque de sa fondation au VIIe siècle, sa visite est une traversée de 9 siècles d’architecture, du IXe au XVIIe siècle. L’abbatiale Notre-Dame, principale église de l’abbaye, en est le fleuron, et un exemple exceptionnel d’architecture romane normande.

Dans le souci de garder toute son authenticité au monument, la reconstruction de Jumièges n’a pas été envisagée. Des travaux de consolidation et de protection des maçonneries sont toutefois régulièrement programmés pour préserver autant qu’il est possible ses structures et son décor, et en assurer la sécurité

Fondée vers 654 par saint Philibert, l’abbaye applique dès ses débuts la règle de saint Benoît et connaît un essor très rapide. Dès 841, elle est dévastée par les Vikings, dont les raids obligent les moines à abandonner le site pendant presque 10 ans. Après la création du duché de Normandie, Guillaume Longue Epée, second duc, favorisera sa renaissance.

Elle ne retrouve vraiment la prospérité de ses origines qu’au 11e siècle qui voit la reconstruction de l'abbatiale Notre-Dame inaugurée par Guillaume le Conquérant en 1067. Charles VII y loge en 1450 et y reçoit Agnès Sorel, morte à Jumièges cette même année. Charles IX y vient en 1563. Les mauristes engageront des travaux significatifs aux XVIIe et XVIIIe siècles. Après le départ des derniers moines en 1790, les bâtiments seront vendus comme bien national et serviront de carrière de pierre de 1796 à 1824. Les ruines seront ensuite entretenues grâce au rachat en 1853 par la famille Lepel-Cointet, puis par l’Etat en 1946. L’abbaye de Jumièges est devenue propriété du Département de Seine-Maritime en 2007.

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fontevaux

C’est en 1101 qu’est fondée l’Abbaye Royale de Fontevraud, par un prédicateur iconoclaste et visionnaire : Robert d’Arbrissel. L’ordre qu’il crée a pour particularité d’être « double » (hommes et femmes) et d’inclure des personnes de toutes origines sociales. L’Abbaye de Fontevraud est alors envisagée comme une « cité idéale », un lieu d’exaltation de la foi dédié à la prière et au travail, dans l’abstinence, le silence et la pauvreté. L’ordre de Fontevraud essaime rapidement sur un vaste territoire, allant de l’Angleterre à l’Espagne.

À partir de 1189, Fontevraud devient nécropole royale, abritant les sépultures d’Henri II, d’Aliénor d’Aquitaine et de Richard Cœur de Lion. En 7 siècles, 36 abbesses, souvent issues de la haute noblesse, et parfois de sang royal, se succèdent à la tête de l’Abbaye. Peu à peu, un relâchement de certaines règles se fait sentir, allant de pair avec une ouverture à la vie mondaine. Nous sommes loin de l’ascèse originelle quand, au 17ème siècle, sous le « règne » de l’abbesse Gabrielle de Rochechouart, nommée par Louis XIV en personne, on y joue Esther de Racine !

En 1792, suite à la Révolution, la dernière abbesse de Fontevraud est chassée. Douze ans plus tard, l’Abbaye est transformée en maison centrale par décret napoléonien. Fontevraud, qui accueille jusqu’à 2 000 prisonniers, est alors considéré comme l’une des plus dures prisons de France. Pendant la guerre 39-45, plusieurs résistants sont incarcérés puis déportés. Dix sont fusillés sur place...

En 1963, la prison est fermée et le chantier de restauration des bâtiments commence à grande échelle. En 1975, l’Abbaye Royale ouvre au public, mettant ainsi un terme à neuf siècles de vie à huis clos et ouvrant la voie à cette « cité idéale » – pour reprendre l’expression de son fondateur - que l’on peut visiter aujourd’hui.

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thann

La Collégiale* Saint-Thiébaut est une église gothique dans la ville de Thann en Alsace. À côté des cathédrales de Strasbourg et de Fribourg-en-Brisgau qui sont beaucoup plus grandes, elle est considérée comme une œuvre majeure de l'art gothique le long du Rhin supérieur, c'est-à-dire la région des deux côtés du fleuve se situant entre Bâle et Bingen. Les Thannois se plaisent à dire en parlant de leur clocher : "Strasbourg a le plus haut, Fribourg le plus gros, Thann le plus beau !"

C’est l'un des édifices les plus représentatifs du gothique rhénan en Alsace. Sa construction dure de la fin 13ème siècle à 1516 : année où s’achève la flèche de plus de 78m de haut, véritable dentelle de pierre.

Son grand portail est unique en France : 3 tympans rappellent grâce à 150 scènes la vie de la Vierge, la Nativité et la Crucifixion.

Les 3 formes de style gothique sont représentées : primitif, rayonnant et flamboyant.

La construction de la collégiale actuelle commence à la première moitié du XIVe siècle (nef latérale sud, partie basse de la façade ouest). En 1351 débute la construction du chœur et de la tour. Vers 1400, le tympan de Marie au-dessus du portail ouest est terminé. Il représente la vie de la Vierge Marie sur la base de textes bibliques et apocryphes. La consécration du chœur a lieu en 1432. En 1492, la nef nord est terminée, en 1495, la nef centrale. La construction de la tour de l’église, commencée en 1506 par Rémy Faesch, l’architecte Bâlois, s’achève en 1516. De 1629 à 1631, on construit la chapelle de la Sainte Vierge au sud de la nef. De 1887 à 1895, on ajoute les pinacles aux contreforts et les toits en tuiles colorées à la collégiale.

La Chapelle Saint Thiébaut (au fond de l’église, coté SE) est la partie de la Collégiale la plus ancienne, elle date de la fin du XIIIème siècle.

Dans le chœur, les stalles sont ornées de 169 personnages. C’est l'un des plus importants ensembles d'Alsace.

Les vitraux (1423 – 1431) sont répartis sur 8 verrières de 15m de haut, ils témoignent de la richesse de l'édifice, lieu de pèlerinage à Saint-Thiébaut  dès le 13ème siècle .

La petite ville de Thann est mentionnée pour la première fois en 1290. Mais déjà trois ans plus tôt est fait état d'une église dédiée à Saint-Ubald Gubbio (mort en 1160 ) ou est conservé la relique d'un doigt de l’évêque qui a miraculeusement trouvé son chemin depuis l 'Italie.

* Une Collégiale est une église dans laquelle s’est installé un Collège de chanoines. Celle de Thann doit son nom au collège de chanoines de Saint-Amarin venu s’y installer en 1442. Elle fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1841.

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mont saint michel"Merveille de l'Occident", le Mont Saint-Michel se dresse au coeur d'une immense baie envahie par les plus grandes marées d'Europe.

C'est à la demande de l'Archange Michel, "chef des milices célestes", qu'Aubert, évêque d'Avranches construisit et consacra une première église le 16 octobre 709. En 966, à la demande du Duc de Normandie, une communauté de bénédictins s'établit sur le rocher. L'église préromane y fut alors élevée avant l'an mil.

Au XIème siècle, l'église abbatiale romane fut fondée sur un ensemble de cryptes, au niveau de la pointe du rocher et les premiers bâtiments conventuels furent accolés à son mur nord.

Au XIIème siècle, les bâtiments conventuels romans furent agrandis à l'ouest et au sud.

Au XIIIème siècle, une donation du roi de France Philippe Auguste à la suite de la conquête de la Normandie, permit d'entreprendre l'ensemble gothique de la Merveille : deux bâtiments de trois étages couronnés par le cloître et le réfectoire.

Au XIVème et XVème siècle, la guerre de cent ans rendit nécessaire la protection de l'abbaye par un ensemble de constructions militaires qui lui permit de résister à un siège de plus de trente ans.
le choeur roman de l'église abbatiale, effondré en 1421 fut remplacé par le choeur gothique flamboyant à la fin du Moyen-Age.

Ce grand foyer spirituel et intellectuel fut avec Rome et Saint-Jacques de Compostelle l'un des plus importants pèlerinages de l'Occident médiéval. Pendant près de mille ans des hommes, des femmes, des enfants sont venus, par des routes appelées "chemin de Paradis", chercher auprès de l'Archange du jugement, peseur des âmes, l'assurance de l'éternité.

Devenue prison sous la Révolution et l'Empire, l'Abbaye nécessitera d'importants travaux de restauration à partir de la fin du XIXème siècle. Elle est confiée depuis 1874 au service des monuments historiques.

La célébration du millénaire monastique en 1966 a précédé l'installation d'une communauté religieuse dans l'ancien logis abbatial perpétuant la vocation première de ce lieu ; la Prière et l'Accueil. Les Frères et les Soeurs des Fraternités Monastiques de Jérusalem assurent cette présence spirituelle depuis 2001.

Parallèlement au développement de l'abbaye un village s'organise dès le Moyen-Âge . Il prospère sur le flanc sud-est du rocher , à l'abri de murailles remontant pour la plupart à la guerre de Cent ans. Ce village a depuis toujours une vocation commerciale.

Inscrit au "Patrimoine Mondial" par l'Unesco en 1979, ce haut lieu touristique reçoit aujourd'hui plus de 2,5 millions de visiteurs par an.

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saint bernard

Docteur de l'Église (château de Fontaine, près de Dijon, 1090-Clairvaux 1153). 
Bernard fréquente l'école de Saint-Vorles, à Châtillon. Il est doué d'une grande intelligence et d'une forte volonté, mais il est timide, méditatif, rêveur. Renonçant à des études plus poussées, il entre en 1112 au monastère de Cîteaux, près de Dijon, fondé en 1098. Il a persuadé trente de ses parents et amis à se faire moines avec lui. La vie est rude et austère à Cîteaux, et Bernard s'y donne généreusement aux veilles, aux travaux, aux mortifications, mais aussi à la méditation de l'Écriture, à l'étude des Pères de l'Église et de la règle de saint Benoît. En 1115, il est mis à la tête d'un groupe de douze moines et va fonder l'abbaye de Clairvaux, en Champagne. L'abbé, selon la règle de saint Benoît, est maître spirituel et responsable de l'enseignement doctrinal de sa communauté. Bernard va pouvoir communiquer l'objet de ses méditations. Il ne sera jamais un théoricien, un homme d'école. Ses écrits sont des écrits de circonstance, s'adressant toujours à des hommes qu'il faut aider à se convertir. Deux maîtres vont compléter sa formation philosophique et théologique : Guillaume de Champeaux (?-1121), évêque de Châlons-sur-Marne, et Guillaume de Saint-Thierry (?-1148), bénédictin de Saint-Nicaise de Reims. Bernard, épuisé et malade, doit se reposer durant un an ; vivant à l'écart, dans une cabane, il peut se livrer à loisir à l'étude et à des entretiens avec ses deux amis. Nous savons par Guillaume de Saint-Thierry, qui écrivit sa vie, que Bernard et lui discutaient des « relations du corps et de l'âme ». 

Vers 1125, Bernard écrit ses deux premiers traités : Sur les degrés de l'humilité et de l'orgueil et Sur l'amour de Dieu. Sa doctrine, qui fera école chez les Cisterciens, s'y trouve toute condensée. Disciple convaincu de la règle de saint Benoît, il met l'humilité à la base de toute conversion et joint indissolublement l'ascèse du corps et de l'esprit au progrès de l'âme dans son ascension vers Dieu. C'est à la fois une échelle d'humilité, de vérité et de charité. « Socratisme chrétien », la connaissance expérimentale de la vérité mène à Dieu en trois étapes.

C'est d'abord la connaissance de soi : « Connais-toi toi-même » dans la misère de la condition d'homme pécheur, c'est ta vérité et c'est ainsi que tu t'aimeras utilement. C'est ce que Bernard appelle l'amour « charnel », où l'homme cherche Dieu pour ses propres besoins.

Cette prise de conscience réaliste conduit à la connaissance d'autrui, sympathie douloureuse pour la commune condition. Parce que « le semblable connaît son semblable », je l'aime comme un autre moi-même. C'est l'amour « social », second degré, où s'exerce l'ascèse purificatrice de la vie commune, école de charité, où l'homme brise le carcan de son égoïsme et élargit son cœur, comme une peau s'étend sous l'action de l'huile. « L'amour charnel devient social lorsqu'il s'élargit à la communauté. »

L'amour de soi, « charnel », connaît une autre extension, celle de l'humanité du Christ. Car le Christ s'est fait chair pour devenir, par amour, ce que l'homme est devenu par le péché. La dévotion de saint Bernard à l'humanité du Christ, dont les siècles suivants ne retiendront que l'aspect affectif, a un caractère pédagogique et théologique, et la même chose peut être dite de sa dévotion mariale. Dieu s'est rendu visible, aimable pour gagner notre cœur de chair. Par l'aide que le Seigneur lui donne pour sortir de sa misère, l'homme apprend à estimer cet amour de Dieu qui le sauve et, bientôt, en vient à aimer Dieu, non plus charnellement, c'est-à-dire pour son propre intérêt, mais d'un amour spirituel, désintéressé : Magna res amor, c'est une grande chose que l'amour s'il remonte jusqu'à son principe. Ce processus d'ordination de la charité a l'originalité de saisir l'élan, l'« affectus » de l'homme et de le redresser vers son objet « naturel », Dieu. D'égoïste qu'il était, l'amour a appris la communion dans son rapport avec autrui, pour entrer dans la communion d'esprit avec Dieu. À ce troisième degré d'amour, l'homme a recouvré sa liberté, mais, tant qu'il est en cette vie, ce ne peut être la pleine liberté de l'esprit, car il demeure lié au corps terrestre et ne jouit pas encore de la présence totale de l'objet de son amour.

Il est un degré plus haut encore, que l'on n'atteint que rarement et passagèrement, où l'homme ne s'aime plus que pour Dieu : c'est l'« extase » (excessus), l'absorption de tout retour sur soi, par l'esprit qui est communion. L'homme atteint la réalisation de son être spirituel, qui est mouvement vers Dieu. L'amour du véritable soi spirituel subsiste, mais n'est plus expérimenté indépendamment de la communion avec Dieu. Expérimenter cette union d'esprit, c'est être déifié. Quelque audacieuses que soient les comparaisons de cette fusion, celle-ci n'est jamais la confusion panthéiste. Le personnalisme de l'amour s'y oppose. L'expérience de l'amour ramène l'âme vers son origine, Dieu, qui est esprit. Saint Bernard est l'héritier d'une traditionnelle théologie mystique qui commence avec Origène. Il lui reprend un grand nombre de thèmes, notamment la distinction entre l'image et la ressemblance de l'homme à Dieu. S'il a perdu la ressemblance, il a gardé l'image : la liberté, liberté spirituelle qui consiste pour l'âme à se libérer de tout ce qui l'entrave dans la réalisation d'elle-même, qui, finalement, est le consentement à la grâce, qui la sauve. Saint Bernard a développé ce thème dans son traité De la grâce et du libre arbitre. Sensible à la loi d'ascension, de progrès, de dépassement, par laquelle la conscience conquiert sa propre vérité, il a confiance en cet élan intérieur, qui commence à l'expérience malheureuse de la cupidité pour s'achever dans la béatitude de l'esprit. S'il tient l'essentiel de sa doctrine de l'Écriture, notamment du mot de saint Jean « Dieu est amour » et des Pères grecs et latins, il a axé cependant toute sa doctrine sur la connaissance expérimentale que donne l'amour (amor ipse notitia). Le vocabulaire de l'amour courtois n'a pas été sans influence sur sa pensée et sur son style.

Le souci d'amener l'homme à la vie de l'esprit par la réorientation de l'amour, où la communauté joue un rôle capital, domine toute la doctrine théologique de saint Bernard. Et d'abord son idée de l'Église. Aux images scripturaires de l'union du Christ et de l'Église, sans négliger celles du corps, de l'édifice ou de la vigne, Bernard préfère les images d'unité ontologique celle de l'union de l'époux et de l'épouse, parce qu'elle implique la relation active de l'amour. Mais l'épouse signifie-t-elle l'âme chrétienne ou l'Église ? La question ne se pose pas pour Bernard, parce que, grâce à la maîtrise qu'il a de la méthode allégorique, il passe sans cesse d'une application à l'autre : l'épouse est tantôt l'âme, tantôt l'Église ou la communauté, Église en miniature.

Mais cette équivalence est fondée sur la conviction qu'une âme n'est épouse unie au Christ que dans et par l'Église, qui, seule, l'est adéquatement. D'autre part, l'Église est pour lui très spirituelle, l'assemblée des saints, le peuple de ceux qui cherchent à s'unir à Dieu dans l'amour, organiquement unie à l'Église céleste. Saint Bernard ne néglige nullement la réalité des sacrements, pas plus qu'il ne réduit à un symbole la réalité historique et actuelle de l'Incarnation. Tout en demeurant toujours moyens indispensables de salut, les sacrements et l'Église elle-même, dans sa réalité visible, doivent nous conduire à la réalité invisible qu'ils signifient, qui est spirituelle, où l'humanité est « comme absorbée dans la divinité ». Mais, avant d'atteindre cet état céleste déjà donné par la grâce de Dieu, l'Église revêt une forme terrestre, en état de rassemblement, itinérante, entachée de bien des misères, mais en état continuel de réforme. Il faut en arracher les mauvaises herbes, en rebâtir sans cesse les murs par la cohésion de la charité.

L'institution, la structure hiérarchique, l'autorité pontificale, le pouvoir des évêques, le rôle des laïcs, les rapports du temporel et du spirituel sont autant d'aspects dans lesquels Bernard a pris position, toujours d'un point de vue spirituel, mais très engagé dans les réalités juridiques ou pratiques. La primauté papale est totale- plenitudo potestatis-, mais elle doit s'exercer dans le respect de l'autorité des Églises locales, et cela, entre autres, pour deux raisons pratiques : la centralisation excessive accable le pape d'une multitude d'affaires qui l'empêche de s'occuper de l'essentiel ; la hiérarchie locale est souvent mieux à même de juger, parce que mieux informée.

Bernard est sans pitié pour la corruption morale ou vénale des clercs. Personne n'a été plus loin que lui dans la satire ou l'invective. Le ministère de l'Église est établi pour servir et non pour dominer. L'attitude de saint-Bernard vis-à-vis des réalités terrestres est, théoriquement, conditionnée par son absolutisme, un humanisme ne pouvant être qu'une demi-mesure à l'égard d'un plein idéal chrétien, spirituel. Pourtant, son génie, ses dons, son charme, sa sincérité, son style aux accents pathétiques ou poétiques, son sens de l'humain, la valeur reconnue à la conscience, à la liberté, à l'amour ont donné aux moines et à la société une ouverture nouvelle sur un humanisme chrétien, et même monastique.

Dans les rapports entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, saint Bernard s'en tient à la théorie des deux glaives. Mais sa pensée est que la royauté et le sacerdoce sont unis, et doivent concourir à produire la paix et le salut, parce qu'ils viennent tous deux du Christ.

Le ministère est service, non puissance. On se tromperait- des réformateurs l'ont fait- si l'on interprétait saint Bernard comme niant la hiérarchie. Lui-même eut à lutter contre des « apostoliques » cathares de la région de Cologne ou dans le Languedoc, qui combattaient la succession apostolique des évêques parce qu'ils ne vivaient pas comme les Apôtres. À l'inverse, Bernard part du fait imprescriptible du ministère hiérarchique pour exiger de celui-ci pureté morale et détachement évangélique. C'est l'Église des saints, des spirituels, où le salut se réalise par une hiérarchie des services dont le principe est l'amour. La hiérarchie a comme mission principale et indispensable celle de convertir les âmes, de les faire accéder à la vie de l'esprit par l'amour. C'est la raison des exigences de saint Bernard pour les pasteurs du troupeau. Dans son traité Aux clercs, il s'écrie : « Comment Dieu confierait-il ses brebis tant aimées à celui qui serait incapable d'aimer ? » Ses multiples interventions dans les affaires de l'Église sont inspirées par ce motif, de même que son ambition de faire occuper par ses moines les plus hautes fonctions ecclésiastiques.

En son temps, saint Bernard fait autorité dans toute la chrétienté. Le prestige de sa sainteté en est sans doute le facteur principal, mais aussi son talent d'orateur et surtout son art de persuasion. Ses coups de théâtre pour gagner le duc Guillaume X d'Aquitaine ou l'empereur Conrad III de Hohenstaufen (1138-1152) sont caractéristiques, de même que la fougue avec laquelle il se lance dans la prédication de la deuxième croisade. Dans ce dernier cas, il a conscience d'accomplir un ordre du pape et, quand il voit les foules répondre à son appel, il lui écrit que sa mission est accomplie. Par deux fois on lui fait savoir qu'il s'occupe trop de politique, par deux fois il déclare qu'il ne veut plus sortir de son cloître, mais il est aussitôt appelé par le pape, la curie ou les évêques. Il répond à ceux qui font appel à lui comme avocat des grandes causes. C'est lui qui doit parler contre Abélard pour gagner la partie, pense Guillaume de Saint-Thierry, qui le convainc que l'Église est en péril, comme il l'avait lancé dans la querelle des observances en lui faisant écrire l'Apologie, dirigée contre les clunisiens. Aussitôt, saint Bernard se lance dans un plaidoyer sarcastique et souvent peu fondé. Abélard n'était pas l'hérétique qu'il a dépeint, pas plus que Gilbert de La Porrée (1076-1154). On a dit que saint Bernard combattait la pensée dialectique, le dernier des Pères contre le premier homme moderne, « l'obscurantisme contre la libre pensée » !… Mais Bernard n'est nullement hostile au raisonnement. Il a été dialecticien à ses heures et il a protégé des intellectuels comme Jean de Salisbury, Robert Puller, le fondateur de l'université d'Oxford, et Pierre Lombard. Ce qui l'irrite personnellement chez Abélard et l'inquiète, c'est une théorie qui ne puise pas son inspiration dans l'expérience d'une vie spirituelle. Dans toutes ses interventions, Bernard semble ne vaincre sa timidité que par les excès de sa fougue, la violence verbale et des procédés « efficaces ». La partie gagnée, il en a scrupule et cherche à se réconcilier avec ses adversaires. Son rôle est le plus souvent pacificateur dans les conflits politiques. Mais les tentations du pouvoir sont grandes. C'est vraiment toute l'Europe qu'il domine de sa personnalité quand un de ses moines, élu archevêque d'York, reçoit en sa présence, à Trèves, le pallium des mains d'un autre de ses moines, le pape Eugène III. 

Saint Bernard jouit d'une personnalité attirante, fascinante même. Il attire à Clairvaux une multitude de moines, qu'il recrute dans toutes les classes de la société : clercs, chevaliers, étudiants et manants. Son biographe parle de plusieurs grands « coups de filet » opérés au cours de ses voyages. Le premier a lieu à Châlons-sur-Marne, en 1116, d'où il ramène à Clairvaux une trentaine de jeunes gens, nobles et lettrés. Leur maître, Étienne de Vitry, voyant son école déserte, les y suit, sans pourtant y rester plus d'un an. À Reims, l'abbé obtient le même succès. D'un voyage en Flandre, en 1131, Bernard ramène encore une trentaine de jeunes gens, dont, parmi eux, Robert de Bruges, qui lui succédera comme abbé de Clairvaux.

En 1140, l'évêque de Paris l'invite à parler aux étudiants. Son sermon, qui nous est parvenu, fait plus de vingt-cinq recrues. Prêchant en 1146 la croisade en Flandre et sur les bords du Rhin, s'il recrute des croisés, il fait aussi des captures pour le noviciat de Clairvaux (plus de soixante). « Tu veux aller à Jérusalem, dira-t-il, viens à Clairvaux, tu y seras plus vite. » Les mères, disait-on, cachaient leurs fils lors de son passage.

Plus prodigieux encore est l'expansion de la filiation de Clairvaux sous son abattiat. En trente-cinq ans, il fonde 69 abbayes, qui essaiment à leur tour, de sorte que, sur les 345 monastères cisterciens existant à la mort de saint Bernard, 167 relèvent de Clairvaux, répartis en douze pays.

Une fondation signifiait chaque fois le départ de douze moines avec, à leur tête, un abbé. L'abbé père avait à visiter ses abbayes filles. Quoi d'étonnant si Bernard fut un mois sur trois absent de son abbaye ! Son influence spirituelle, celle de ses écrits, s'étendaient à tous ces moines. Il y en avait jusqu'à cinq cents dans certains monastères. Plusieurs accédèrent à des charges importantes dans l'Église : un pape, cinq cardinaux, onze évêques. Une dizaine ont laissé un nom dans l'histoire littéraire.

La pensée, la prière de saint Bernard sont tout imprégnées de la Bible, de ses images, de ses exemples, de ses mots. Celle-ci est la source de sa spiritualité, où s'exerce le « souvenir » dans l'attente de la « présence ». Par la liturgie et par la lecture des Pères, saint Bernard est sans cesse au contact des paroles bibliques, qui sont devenues les siennes.

Les Cisterciens avaient renoncé à tout sauf à l'art d'écrire. Le style de saint Bernard est brillant, recherché même ; il abonde en jeux de mots, en allitérations. S'il est nerveux, il est souvent exubérant. Mais, sous cette apparence, il y a un principe d'ordre et d'équilibre, d'harmonie dans le parallélisme, et l'on a remarqué que la langue de Bernard devient plus sobre et plus dépouillée lorsqu'il parle de l'expérience mystique. Saint Bernard possède aussi un certain art dramatique, comme lorsqu'il tient en suspens l'humanité, la cour céleste et Dieu lui-même dans l'attente de la réponse de la Vierge Marie au message de l'Ange de l'Annonciation.

Il a toujours été beaucoup lu et étudié. Du pape Jean XXII, au xive s., au pape Jean XXIII, les hommes d'Église l'ont pris pour guide de leur vie personnelle et de leur ministère. Luther même l'estimait. Les moines le considèrent comme leur maître spirituel. Les philosophes de l'esprit Maurice Blondel, Louis Lavelle, Aimé Forest ont reconnu en lui, après Pascal, celui qui avait donné aux concepts de liberté et de conscience une place prépondérante dans l'histoire de la pensée.

Saint Bernard eut une vie partagée, divisée même, entre l'action et la contemplation. Il s'en plaignit souvent, mais il vécut intensément ces deux vies, en les unifiant en un merveilleux équilibre par la pureté de son intention. Bergson ne reconnaissait-il pas dans cette ambivalence des mystiques chrétiens, fruit de leur charité, le critère certain du dynamisme de l'esprit ?

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abelardUn des plus grands intellectuels du douzième siècle, dans le champ de la logique. Il est célèbre d'abord et avant tout pour ses amours avec Héloïse (1100/1101 - 1163/1164), près de laquelle il repose au cimetière du Père Lachaise à Paris. Certains érudits, dont Bernard Sylvestre, ont soutenu que l'autobiographie d'Abélard, Histoire de mes malheurs, de même que la correspondance d'Abélard et Héloïse sont des écrits apocryphes. Le véritable auteur de ces écrits serait Jean de Meung (treizième siècle), célèbre continuateur du Roman de la Rose.

Philosophe et théologien scolastique, né en 1079 au bourg du Pallet à 20 kilomètres au sud de Nantes, sur la route de Nantes à Poitiers, mort à l'abbaye de St-Marcel près Chalon, le 21 avril 1142. Son père, Bérenger, un seigneur fort noble et fort instruit, et sa mère Lucie saluèrent avec enthousiasme la naissance de ce premier né; puis, d'autres enfants vinrent successivement s'ajouter au cercle de famille : trois fils, Raoul, Porcaire et Dagobert; une fille, Denyse. Ce fut Bérenger lui-même qui s'adonna à l'instruction de ses enfants. Pierre avait vingt ans quand il arriva à Paris. Il est aujourd'hui prouvé qu'Abélard avait été disciple d'abord du nominaliste Roscelin, puis du réaliste Anselme de Laon, et qu'il commença par professer la dialectique. Il établit son école sur la montagne Sainte-Geneviève et attira autour de lui une foule d'auditeurs. Le peuple le vénérait, et l'évêque de Paris lui-même s'inclinait devant son passage. Abélard vivait alors chez le chanoine Fulbert. Ce chanoine avait pour nièce une très jeune fille nommée Héloïse. Elle était née à Paris en 1101, de famille noble, et sa mère, Hersende, était alliée aux Montmorency. Son éducation avait été faite au couvent d'Argenteuil. Fulbert pria Abélard de terminer et de parfaire l'éducation de sa nièce. « Que dirai-je de plus, écrit Abélard à ce sujet; nous n'eûmes qu'une maison, et bientôt nous n'eûmes qu'un cœur. » (Abailardi opera,lettre I,page 11.) C'est à cette époque, et en l'honneur d'Héloïse, que le jeune docteur commença à écrire des vers en langue vulgaire, ou barbare,comme on disait alors. Son enseignement s'en ressentit. Peu de temps après, Héloïse s'aperçut qu'elle était grosse. Elle fit part de cet événement à Abélard qui vint la chercher une nuit, et l'emmena en Bretagne, chez sa sœur Denyse. C'est là qu'elle mit au monde un fils qui fut nommé Pierre Astrolabe. Abélard voulut alors épouser Héloïse, mais celle-ci refusa de consentir à ce mariage. Elle prétendait que cette union deviendrait fatalement,par la suite, funeste à celui qu'elleaimait. Il est très intéressant de consulter à ce sujet la correspondance des deux amants. Héloïse représente à son amant que les hommes de génie n'ont que faire de s'embarrasser d'une famille, et elle fortifie son argumentation de preuves et de textes tirés des théologiens latins ou grecs. Mais on croit cependant que, devant la ténacité d'Abélard, elle finit par céder et que le mariage fut célébré.

C'est alors que Fulbert mit à exécution les desseins qu'il méditait depuis longtemps. Après avoir gagné un serviteur d'Abélard qui lui ouvrit la porte de la maison, il se précipita, accompagné de ses amis et de ses proches, dans la chambre où dormait le jeune docteur; puis, après l'avoir lié de cordes, il lui fit, aidé de ses complices, subir l'effroyable supplice de la castration. Abélard était désormais mort pour le monde. Sur ses instances, Héloïse se décida à prononcer ses voeux définitifs, au monastère d'Argenteuil, et il ne tarda pas, à l'imiter (1119). Puis, recommençant son enseignement, il rouvrit son école au prieuré de Maisoncelle, sur les terres du comte de Champagne. La renommée l'y avait précédé, et plus de trois mille étudiants se pressaient à ses leçons. Ses doctrines furent déclarées hérétiques au concile de Soissons (1121). Toutefois, sur les instances de saint Bernard, Abélard se soumit à tout ce qu'on voulut de lui. Sur ces entrefaites, Hervé, abbé de Saint-Gildas de Rhuys, en Bretagne, vint à trépasser, et, grâce à l'influence du duc Conan IV, les moines élurent Abélard. Mais ce dernier, avant de se rendre à Saint-Gildas, s'était décidé à fonder un vaste monastère, le Paraclet, à l'instigation de son ami Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, qui voulait achever de le détacher des gloires terrestres. Bientôt, le Paraclet s'éleva sur les rives de l'Ardusson. Or, les religieuses d'Argenteuil avaient à ce moment maille à partir avec Suger, qui prétendait les expulser de leur monastère. Quand cette expulsion fut un fait accompli et que l'ordre fut dispersé, Abélard invita à venir s'établir au Paraclet, Héloïse et celles de ses compagnes qui lui étaient demeurées fidèles (1129). Cette donation fut confirmée presque immédiatement par Atton, évêque de Troyes, et plus tard par le pape lui-même, qui la déclara inviolable sous peine d'excommunication. Pendant ce temps, Abélard, définitivement retiré à Saint-Gildas, faisait pourtant au Paraclet de fréquentes visites, s'occupait de la règle et de l'administration intérieure du couvent et fixait toute cette ordonnance dans ses lettres à Héloïse, car il continuait à voir fort rarement la nouvelle prieure. - Cependant les moines de Saint-Gildas se révoltèrent, essayèrent d'égorger leur abbé, qui dut fuir par un souterrain. Abélard se réfugia alors au Paraclet. Il y écrivit sa célèbre Historia calamitatum. Ce fut certainement le temps le plus tranquille et le plus heureux de sa vie. Mais bientôt, en 1136, il recommença son enseignement public sur la montagne Sainte-Geneviève, et fut de nouveau accusé d'hérésie ; saint Bernard rédigea une liste de propositions dont il se faisait fort de démontrer l'hérésie. Cette fois, Abélard lui tint tête. Il assigna son adversaire devant le concile qui s'ouvrit à Sens, le 2 juin 1140. Mais quand il vit quetous les juges étaient de l'avis de saint Bernard, il prit peur et s'enfuit de l'église en déclarant qu'il ne reconnaissait point l'autorité du concile, et qu'il en appelait au pape. Ce dernier répondit par une bulle qui condamnait toutes les propositions d'Abélard, et ordonnait que l'abbé de Saint-Gildas finirait ses jours dans un couvent. Pierre le Vénérable demanda au pape et obtint de lui qu'Abélard fût admis au nombre des moines de Cluny, de l'abbaye de Saint-Marcel. C'est là que mourut Pierre Abélard, à l'âge de soixante-trois ans.

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rocamadourUne longue tradition, confirmée par une bulle du Pape Martin V en 1427, fait remonter l’origine de Rocamadour au 1 er siècle de l’Eglise et comme lieu chrétien aux premiers temps de l'église. Les premiers signes d’une dévotion chrétienne remontent en effet aux premiers siècles de la France chrétienne : on dénote que des ermites venaient se retirer dans ce lieu. Et la petite histoire dit que ce fut l’un de ces ermites qui tailla la première vierge de Rocamadour.

Une bulle du pape Martin V en1427 indique que cet ermite ne serait autre que  Zachée de Jéricho, mentionné dans les évangiles. La traditoin rapporte encore que celui-ci était l'époux de Véronique, la femme qui essuya la face du Sauveur sur le chemin du Calvaire. Tous deux vinrent en Gaule, à la suite de saint Martial, Véronique étant morte à Soulac, Amadour remonta la vallée de la Dordogne et s'installa dans une grotte près de l'Alzou. C'est là qu'il mourut, après avoir élevé , dans les anfractuosités de la roche, un autel à la Sainte Vierge que saint Martial serait venu consacrer.

Le fait que Saint Amadour soit Zachée semble très peu probable. Il semble raisonnable de penser en revanche qu'effectivement qu'un ermite à la réputation de sainteté a vécu dans ce qui allait devenir Rocamadour. Que le nom d'amator rupis, lui a été donné, ce qui donne le Nom de Rocamadour, Qu'il était l'ami de Saint Martial qui venait lui rendre visite. Que l'origine chrétienne de Rocamadour remonterait donc au Troisième siècle.

Avant l'an milleles pèlerins venaient déjà à Rocamadour pour prier la sainte vierge. Il existait alors un petit sanctuaire niché au creux de la falaise. Les moines de Marcillac puis ceux de Tulle s'occupaient du lieu. En 968, l’évêque de Cahors signe un acte de donation de la chapelle à l’abbaye Saint Martin, de Tulle

En 1105 le pape Pascal II confie  le pèlerinage " à la Bienheureuse Vierge Marie de Rocamadour » et Rocamadour devient un des quatre lieux saints de la chrétienté : Jerusalem, Rome, saint Jacques de Compostelle et Rocamadour

Géraud d'Escorailles, abbé de Rocamadour 1152 à 1188, fit construire les édifices religieux

Rocamadour devient célèbre lorsqu'en 1166, y est découvert   le corps intact d'un ermite inhumé. C'est vers cette époque que les  Bénédictins installent la vierge noire. Les textes précisent que le corps était dans un  état de conservation parfait ce qui était un gage de sainteté.

De nombreux miracles ayant lieu à Rocamadour, un Livre des Mracles fut écrit vers 1170

En 1186  Robert de Thorigny , abbé du Mont-Saint-Michel , écrit : « On raconte que le bienheureux Rocamadour fut le serviteur de la Bienheureuse Vierge Marie et qu’il eut quelquefois l’honneur de porter et de nourrir le Seigneur. Après l’Assomption de la très Sainte Mère du Seigneur dans les demeures célestes, Amadour, averti par Elle, passa dans les Gaules par voie de mer et mena le reste de ses jours dans le lieu susdit une vie d’ermite. Quand il mourut, il fut enseveli à l’entrée de l’oratoire de la Bienheureuse Marie, en un lieu qui resta longtemps ignoré, sauf qu’on disait communément que le corps du bienheureux Amadour y reposait, mais on ignorait où il se trouvait.  En l’an 1166 un habitant du pays se trouvant à toute extrémité, ordonna à sa famille, peut-être par inspiration divine, d’ensevelir sa dépouille mortelle à l’entrée de l’oratoire. À peine eut-on creusé, que le corps du bienheureux Amadour fut retrouvé dans son intégrité, et c’est dans la même intégrité qu’il fut placé à l’église, près de l’autel, et offert à la dévotion des pèlerins. Alors il se fit ici des miracles nombreux et inouïs par la puissance de la Très Sainte Vierge. »

En 1244 : le roi Louis IX (Saint Louis) vient avec sa mère Blanche de Castille demander le bonheur pour la France. Le pèlerinage de Rocamadour se développe de manière importante. Les pèlerins venaient  à Rocamadour de toute l'Europe.

En 1562  Rocamadour est pillée. Selon les témoins,Jean Bessonias,  dit Bessonie, capitaine protestant, rompt le corps du saint à coups de marteau de forgeron en disant : "Je vais te briser, puisque tu n'as pas voulu brûler".

Rocamadour est à nouveau pillée sous la Révolution

le 10 juin 1913, le pape saint Pie X éleve la plus grande église du sanctuaire de Notre-Dame de Rocamadour au rang de basilique mineure sous le vocable de Saint-Sauveur

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